Stéphanie Nelson et Ina Thiam, regards croisés photographiques entre France et Sénégal

Personne n'éclaire la nuit - Stéphanie Nelson / La mémoire en miroir - Ina Thiam

Musée Dauphinois

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Organisée à l’occasion des 20 ans de la coopération du Département de l’Isère avec le Sénégal oriental, l’exposition "Personne n’éclaire la nuit - La mémoire en miroir" propose une réflexion subtile sur les représentations et les stéréotypes grâce au travail des photographes Stéphanie Nelson et Ina Thiam.

Initialement prévue en mai 2020, l’exposition actuellement présentée dans le magnifique cloître du Musée dauphinois est l’aboutissement d’une résidence croisée France/Sénégal dont la crise sanitaire a quelque peu chamboulé les modalités et le calendrier. Si la photographe iséroise Stéphanie Nelson a pu séjourner dans le département de Kédougou au Sénégal en janvier 2020, la Sénégalaise Ina Thiam a été contrainte de repartir dès son arrivée dans nos contrées au tout début du mois de mars de la même année.

Du coup il lui a été proposé de faire elle aussi sa résidence à Kédougou – ce qui, pour une Dakaroise, est finalement assez dépaysant. Ina Thiam profita de ce temps de résidence pour réaliser des doubles portraits de jeunes femmes kédovines : le premier portrait "classique" est confronté à un second dans lequel ses sujets incarnent de façon volontairement théâtralisée des figures féminines qu’elles revendiquent comme modèles et dont une petite fiche nous explique le parcours.

Sortir de sa zone de confort

Ce sont également des diptyques photographiques dédiés à la jeunesse kédovine que propose Stéphanie Nelson. Le dispositif, simple et ingénieux, consiste à photographier simultanément un même sujet à partir de deux points de vue différents. Ainsi elle confronte souvent le portrait d’un groupe de jeunes à celui de l’un de ses membres sur lequel l’appareil se focalise. Isolé, le portrait de cet individu entre alors en tension avec la représentation du groupe auquel il appartient.

Troublants, ces diptyques interrogent la représentation photographique des individus au regard de leur appartenance à un groupe social. Ce trouble est amplifié par le surprenant traitement en nuances de gris adopté par Stéphanie Nelson pour ses tirages. En évacuant tout noir profond ou blanc immaculé, elle donne l’impression d’un monde perçu au travers d’un filtre, comme mis à distance, sur lequel notre regard d’occidentaux a de toutes façons du mal à se poser objectivement, tant nos représentations des populations d’Afrique de l’Ouest sont pétries de stéréotypes. Et comme pour déjouer définitivement ces stéréotypes et avec une volonté de désarçonner un peu plus encore le visiteur en quête d’exotisme convenu, Stéphanie Nelson ponctue son parcours de photographies de paysages urbains dont les teintes distordues de la terre virent au rose fuchsia…

Autant de choix qui nous rappellent que toute photographie procède d’une volonté de représentation du monde et que les artistes photographes sont là pour nous en donner une impression singulière qui parfois questionne ou déplaît, mais qui a le mérite essentiel de nous faire sortir de notre zone de confort… Et pour ceux qui veulent leur dose d’exotisme facile, de couleurs chamarrées et de visions folkloriques, on les invite à rester confortablement derrière leur ordinateur et à faire une recherche image sur Google… ils devraient largement y trouver leur compte...

Personne n’éclaire la nuit - La mémoire en miroir, jusqu’au 4 octobre au Musée dauphinois

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