Mario Prassinos, le peintre qui aimait les arbres

L'arbre qui ne cache pas la forêt - Mario Prassinos

Musée Hébert

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Peinture / L’artiste Mario Prassinos a fait de la figure de l’arbre un leitmotiv récurrent, dont l’exposition que lui consacre le musée Hébert nous dévoile les multiples variations. Un travail fascinant et un univers singulier.

Si Mario Prassinos porte un intérêt récurrent, limite obsessionnel, pour les arbres, c’est qu’ils lui permettent d’exprimer pleinement sa sensibilité. En effet, dans ses réalisations (peintures, gravures, mais également tapisseries – très en vogue dans les années 1960/70 !), Mario Prassinos semble davantage travailler à donner à voir ce qui structure ces éléments naturels que leur immédiate apparence visible.

Le vent tout d’abord, qui façonne leur arborescence, tout particulièrement dans la série des cyprès qu’il peint lors de son séjour sur l’île grecque de Spetsai en 1958. Un ensemble saisissant qui lui donne l’occasion d’ébouriffer sa peinture et de travailler à d’énergiques envolées gestuelles que lui inspire le meltem – vent caractéristique de la mer Égée. Plus loin c’est un travail d’égouttage de la peinture sur une toile disposée au sol qui lui permet de créer d’hypnotiques frondaisons dans lesquelles le regard se perd à l’infini. Ainsi, oscillant entre des tableaux nerveux, à la limite de l’esquisse et des compositions foisonnantes de détails, Prassinos nous invite à observer les arbres pour mieux regarder la peinture (et l’inverse !).

Sensibilité surréaliste

En ouverture de parcours, deux œuvres de petit format témoignent de ses débuts dans les années 1930, à l’époque où il fréquente les cercles surréalistes parisiens. Dans un autoportrait, son visage se dessine sur une souche de bois surgissant d'un environnement désertique, face à un mannequin sans tête. On pense à Chirico ou Dali. Et si Prassinos s’est par la suite éloigné du mouvement, il a toujours partagé avec les surréalistes ce désir de porter son regard au-delà de la surface des choses. « L’épaisseur plutôt que la surface visible. Peindre ce qui est dedans plutôt que ce qui est dessus », déclarait-il à propos de son approche.

C’est également cet intérêt pour les confins du visible qui transparaît à travers une série de portraits présentés dans un petit cabinet en complément de l’exposition. On s’éloigne alors des arbres, mais on retrouve cette manière de faire émerger de la confusion d’une myriade de gouttelettes une figure qui apparaît furtivement, dans un travail réalisé en collaboration avec le hasard. Une présence évanescente que les réserves de peinture contribuent à rendre tout juste perceptible, à l’image du visage du Christ sur le Suaire de Turin.

Elégance immuable

Enfin, en clôture d’exposition, plusieurs magnifiques portraits photographiques témoignent autant de l’élégance immuable de Prassinos à différents moments de sa vie que de la proximité qu’il pouvait entretenir avec le milieu artistique de son époque. Ainsi il apparaît, sous l’objectif de sa sœur la poétesse Gisèle Prassinos, jeune artiste fraîchement arrivé à Paris ; sous celui de la cinéaste Agnès Varda, sympathique compagnon de route ; et grâce à un montage multi-facettes du plasticien César, artiste accompli. Ajoutons à cela le portrait cinématographique réalisé par Lucien Clergue qui donne l’occasion de voir le peintre à l’œuvre, et ceci tout particulièrement lors de la réalisation d’un carton pour tapisserie (puisqu’on vous dit que c’était à la mode !)

Mario Prassinos. L’arbre qui ne cache pas la forêt, au Musée Hébert jusqu’au 28 octobre

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