Multi-instrumentiste / Le Franco-libanais jouera le 15 octobre sur la scène de La Source.
On peut critiquer les conservatoires pour leur académisme affirmé et leur méfiance à l'égard d'une créativité trop iconoclaste. Mais il en sort parfois de véritables merveilles, mêlant technique, érudition musicale et indépendance d'esprit. Issu du conservatoire de Paris, Bachar Mar-Khalifé est l'une d'entre elles.
Le multi-instrumentiste franco-libanais propose, depuis une dizaine d'années et une poignée d'albums très différents, une musique inclassable et toujours grandiose, entre mélodies orientales, électro dansante, pop, hip-hop et classique. Le tout en prenant parfois des positions politiques bienvenues, contre son ignoble homonyme syrien notamment, à l'instant crucial des Printemps Arabes.
Pour écrire son dernier album On/Off, Bachar Mar-Khalifé a souhaité s'isoler dans les montagnes du Jaj de son Liban natal, loin des tumultes de la ville. Il en résulte un disque très calme, apaisé, intime, langoureux, amoureux, voire carrément érotique. Ainsi de L'amour à plusieurs dont le titre résume le propos. Plus sombre – et seul titre énervé de l'album – Insomnia rappelle le Bachar des anciens disques tandis que Chaffeh Chaffeh, et son autotune parfaitement mesuré, arpente le terrain plus aventureux d'une trap exigeante. Difficile de ne pas flancher à l'écoute de ce On/Off très déchirant, avec, en climax, deux duos remarquables : l'un avec son père Marcel, joueur de oud reconnu, l'autre avec Christophe qui manque farouchement à l'art délicat de la mélodie. Et tout cela se termine par Ya Awa Beirut, une reprise de Fairouz qui chanta cette ode à la capitale libanaise, il y a quarante ans, alors que la guerre faisait rage dans le pays. Tout un symbole.
Bachar Mar-Khalifé le 15 octobre à la Source (Fontaine)