Frustration, rébellion

Frustration

La Bifurk

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Post-punk / Retour scénique du post-punk premium de Frustration et de ses emportements politiques à la suite d'un album sorti il y a deux ans déjà : "So Cold Streams".

C'était un mariage inévitable, celui d'un couple d'une évidence extrême. Du genre dont on se dit « ils vont trop bien ensemble ». Une union pour le meilleur et pour le pire, le meilleur du pire surtout, dans le malheur et dans les épreuves, dans la santé précaire et dans la maladie. Celle de Fabrice Gilbert, ci-devant crieur public au sein de Frustration, et de Jason Williamson, son pendant britannique, maître glaviot chez les Sleaford Mods, tous deux passablement circonspects, c'est un euphémisme, quant à l'état du monde et à cette capacité à l'aliénation qui est la nôtre et que les psychologues de plateau nomment pudiquement, ou cyniquement, « résilience ».

Une évidence également que ces agapes aient lieu sur un titre subtilement baptisé Slave Markets qui résume tout et qui fut l'occasion sans doute de fêter l'ambiguë amitié franco-britannique dans l'imminence du Brexit, ce cadavre. C'était il y a deux ans sur un album, So Cold Streams que Frustration n'aura guère eu le loisir de défendre sur scène puisque le monde, déjà passablement souffreteux, on l'aura compris, est tombé malade à force de se balader en fanfaronnant le poitrail à l'air.

Le Grand soir

Au chapitrage de l'album, des saillies sur l'étrange ressemblance entre les prémices de la Seconde Guerre mondiale et notre époque (Brume), le monde du travail (Slave Markets), l'argent (When does a banknote burn ?), l'aliénation donc (Insane), et toutes ces joyeusetés si propices aux attaques de panique et au vote Zemmour. Musicalement la recette est toujours imparable et continue de faire de Frustration l'un des plus fiers représentants du rock français : mélange d'indus glacé et exotique façon PiL et de post-punk martial, guitares râpées sur des basses rondes comme des queues de pelle, le tout ânonné d'une voix et d'une geste qui rappelle toujours Ian Curtis, période Warsaw, toujours au bord de l'épilepsie.

Pour la première fois, Frustration, Gilbert donc, chante en français, sans qu'il faille y voir la tentation du repli nationaliste, ce n'est pas vraiment le genre de la maison. Peut-être davantage pour faire passer de manière moins sibylline, encore que là encore ce n'est pas le genre, des messages tout en gnons, plus frontaux qu'ils ne l'étaient déjà, et qui ne souffrent pas l'interprétation comme sur Le Grand soir qui conclut le disque. Comme l'ultime baroud d'honneur d'une blitzkrieg dont on sait pertinemment au moment de l'entamer qu'on va la perdre. On connaît la chanson : la garde meure mais ne se rend pas.

Frustration samedi 13 novembre à la Bifurk

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