"Cinéma de quartier" haute intensité

Après quatre années d'absence, le Cinéma de quartier des Barbarins Fourchus revient à la Salle Noire pour deux séances exceptionnelles, le temps de mettre en lumière deux œuvres hors-normes et insensées venues respectivement de Hong Kong et du Japon.

Pourvoyeuses d'un cinéma bis fauché, fantasmatique et volontiers transgressif, tout entier voué à la satisfaction des pulsions primales de spectateurs en quête de dépaysement et de sensations fortes à l'issue d'une dure journée de travail, les salles de quartier ont depuis longtemps disparu de nos villes. Pour autant, leur héritage populaire, et la cohorte de films à petit budget mêlant sexe, violence, action et aventure qui les accompagnaient, sont maintenus en vie par intermittence depuis maintenant une bonne quinzaine d'années par le cinéma de quartier des Barbarins Fourchus. Pour cette nouvelle mouture après une longue, trop longue, pause, la formule a néanmoins (temporairement ?) changé : finis les double-programmes réunissant films de kung-fu, horreur gothique et westerns italiens des années 60 et 70, et place à deux films asiatiques plus récents mais tout aussi démentiels, faisant écho sans détour à la période de pandémie et de confinement traversée.

Vers l'infini et au-delà

Dans Symbol (2009), deuxième long-métrage de l'humoriste japonais Hitoshi Matsumoto (Big Man Japan, R100...), la famille d'un catcheur masqué mexicain l'accompagne pour son prochain combat, tandis que dans une gigantesque pièce vide, blanche et sans issue, un homme prisonnier en pyjama coloré fait surgir divers objets incongrus en pressant des interrupteurs en forme de sexe d'angelots... Un point de départ passablement barré pour un film qui se repose un peu trop sur son étrange concept... avant de littéralement basculer dans un infini cosmique halluciné dans sa dernière demi-heure.

Projeté la veille, le mythique Ebola Syndrome (1996) de Herman Yau, pousse quant à lui le bouchon encore plus loin, trop loin même (on préfère prévenir à l'avance) pour le spectateur normalement constitué. Pulvérisant conjointement les limites de l'ignominie, du vice, de l'outrance, de la bienséance et du bon-goût à un stade rarement atteint jusqu'alors (ou depuis), cette farce grotesque, nihiliste et ultra-violente suit la dérive meurtrière d'un psychopathe réfugié en Afrique du Sud qui, après avoir massacré et débité en hamburger ses employeurs, décide de répandre de lui-même le virus Ebola qu'il a contracté en violant une villageoise. Soit un aperçu resplendissant du cinéma hongkongais dit de "Category III" apparu à la fin des années 80, qui servait à la fois de catharsis et d'exutoire aux angoisses des habitants face à la rétrocession annoncée de leur ville à la Chine en 1997. Un contexte socio-politique pas forcément inutile pour mieux appréhender l'existence d'un tel sommet de démesure, transcendé par la performance dantesque d'un Anthony Wong en état de grâce.

Ebola Syndrome mercredi 24 novembre à 19h30 à la Salle Noire (séance interdite aux moins de 18 ans)

Symbol jeudi 25 novembre à 19h30 à la Salle Noire (séance à partir de 12 ans)

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