C'est un petit ovni théâtral que l'on vous recommande si vous êtes un passionné de son. Avec Ce qu'il nous faut, Pierre Badaroux met en scène, grosso modo, la fabrication d'un podcast. Le thème, "ce qui nous est essentiel", est abordé à travers les interviews enregistrées de personnes dites lambda, qui en fait ne le sont pas tant que ça. Les témoignages sont mis en musique – ou plutôt en sons – en direct sur scène, avec des langueurs électroniques, de la contrebasse et du chant, un tambour, une curieuse harpe faite de cloches de vaches, des sifflements et des petits cris, du violon sur guitare électrique... Le duo s'agite dans tous les sens à tel point que parfois, l'oreille a du mal à se concentrer sur le propos des personnes interrogées, véritables protagonistes de la pièce. Mais globalement, ça marche : l'émotion saisit la salle lors du témoignage de la nonagénaire Mimi, à qui le paysage sonore offre justement un moment de répit pour laisser ses mots nus... Les témoignages diffusés sont forts (Pierre Badaroux et Cora Labeye ont dérushé pas moins de 32 heures d'enregistrement pour ce spectacle d'une heure), et ils s'articulent habilement grâce au texte de Stéphanie Noël, qui nous pousse à nous interroger, en miroir de ces témoins, sur le sens que l'on souhaite donner à nos vies.
Ce qu'il nous faut le 8 mars à La Rampe (Échirolles), de 7€ à 22€