Fanny Chériaux : « Patti Smith est devenue pour moi un repère d'émancipation »

Mes nuits avec Patti

La Faïencerie

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / « - Patti ? - Yes ? - Que faut-il faire pour être artiste ? - Ah... Et bien, il faut avoir faim ! ». Elle ne l’a jamais vraiment rencontré, et ça ne l’empêche pas de saluer cette vieille amie parce que c'est elle qui tient les rennes du spectacle ! La bretonne Fanny Chériaux, comédienne-chanteuse, revient sur celle qui lui a permis d'affirmer son désir artistique : l’iconique poétesse punk rock Patti Smith. "Mes nuits avec Patti" sera présenté le 4 mars à la Faïencerie. Le Petit Bulletin rapporte d’autres délicieuses confidences autour de cette création.

Avec un titre tel que Mes nuits avec Patti, on sent que Patti Smith est une figure que vous vous êtes appropriée de façon intime. Depuis quand et comment cela s’est fait ?

Je le raconte dans le spectacle : dans la classe il y avait une fille un peu rebelle, marrante, déconnante, qui m’impressionnait beaucoup et qui était le contraire de moi, bonne élève consciencieuse. Et un jour, sur un malentendu, on est devenu copines. On allait dans les fêtes ensemble, boire des cafés, et un jour elle m’invite chez elle écouter de la musique. Sur un mur de sa chambre, il y avait des vinyles des années 70, et un disque que je ne connaissais pas, avec sur la pochette une longue femme brune, qui levait les bras et on voyait très bien son aisselle poilue. Comme souvent dans la pop, tout a commencé avec une image, et cette liberté affichée m’a intriguée. Ensuite quand j’ai découvert sa musique, elle est devenue pour moi un repère d’émancipation, une figure vers laquelle me tourner en cas de doute, de manque de confiance.

Vous dites que lors de votre première rencontre avec Patti, son image vous a particulièrement marquée. Pourquoi ? Est-ce en lien avec son apparence androgyne, son côté hors-norme (de la féminité) ?

Oui, je la trouvais très belle, mais avec un physique particulier, pas dans les canons de la féminité traditionnelle, des habits confortables et élégants, pour rester libre.

Avec ce spectacle, vous mettez en avant ses nombreuses facettes artistiques. Diriez-vous que vous lui rendez sa complexité ?

C’est sûr que j’essaie de dépasser la simple posture rock de sa personnalité, si on ne la connaît pas bien. Cela me semblait important, par exemple, de bien dire qu’elle était une jeune femme issue d’un milieu plutôt modeste, pas du tout dans l’artistique, et qu’elle se rêvait avant tout poétesse. Le chant est venu par hasard, certains de ses proches aimaient sa voix et l’ont encouragée, et elle a fini par chanter ses poèmes. Mais pour elle, le plus important, ce sont ses textes, et la fièvre qu’il faut pour les dire sur scène.

Comment parvient-on à jouer le rôle de groupie et celui d’idole à la fois ?

Le spectacle est un objet artistique où l’on peut se permettre des choses, c’est ça qui est jouissif, et donc de se glisser dans la peau de Patti Smith, de Jim Morrison, d’Allen Ginsberg comme je le fais dans ce spectacle. C’est du jeu, c’est ça qui libère et permet de passer ces caps.

Par quel dispositif artistique le dialogue se met-il en place ?

Patti Smith me "parle", elle intervient en voix off, répond à mes questionnements existentiels, comme un maître Yoda. Je trouvais ça drôle de lui inventer une voix en français (elle ne le parle que très peu) et d’en faire un personnage qui n’est que mon interprétation de la personne réelle. Et puis le dessin, aussi, est un lien avec elle, qui aime dessiner.

Qu’est-ce que le spectacle provoque comme réactions sur les publics ?

Les spectateurs se disent très émus. Il y a ceux qui retrouvent Patti Smith qu’ils aiment tant, et qui leur rappelle aussi leur propre jeunesse, mais il y aussi ceux qui, sans vraiment la connaître, sont touchés par ce récit initiatique, qui touche l’universel en racontant comment, quand on est loin de son rêve, on met petit à petit les choses en place pour l’atteindre. C’est le cas des plus jeunes. Ils rient aussi quand je raconte mes déboires d’apprentie artiste, les sérieux doutes de ma famille, et quand Patti me répond du haut de son Olympe !

Mes nuits avec Patti le 4 mars à la Faïencerie (La Tronche), de 8€ à 15€ et le 5 mars au Diapason (Saint-Marcellin), de 5€ à 15€.

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