Les sorties cinéma du 9 mars

À voir

★★★☆☆ Murder Party

Architecte un brin coincée, Jeanne a été choisie pour réhabiliter le manoir familial de magnats des jeux de société. Elle y débarque le jour de la murder party hebdomadaire, laquelle débouche sur la mort du patriarche. Un assassin rôde, bien décidé à recommencer ; Jeanne mène l'enquête...

Avec ses aplats acidulés, ses décors et costumes extravagants oscillant entre rétro-kitsch et néo-gothique hollywoodien, Murder Party annonce la couleur : nous sommes clairement dans le second degré, le référentiel, le ludique. Inutile, donc, de chercher vraisemblance ni réalisme dans cet exercice de style plastique où un décalage sévit en permanence, à l'instar du fameux court d'animation de Tex Avery Qui a tué qui ? (1943). Ce décalage devrait mettre la puce à l'oreille du public – comme dans tout polar, mais n'en disons pas davantage... Très remarqué dans le court-métrage (il avait coécrit notamment Yùl et le serpent et Make it Soul), Nicolas Pleskof s'offre pour ses débuts dans le long un enviable plateau de jeu, peuplé de talents prêts à enchaîner les parties. Seul bémol : le choix d'une affiche outrageusement décalquée sur Knives Out/À couteaux tirés (2019) et surtout susceptible d'induire des spectateurs en erreur.

Un film de Nicolas Pleskof (Fr., 1h43) avec Alice Pol, Miou-Miou, Eddy Mitchell... (sortie le 9 mars)


★★★☆☆ Petite Nature

Lorraine, de nos jours. Leur mère ayant encore quitté un mec, Johnny (10 ans) et sa petite sœur la suivent dans un HLM alors que la rentrée se profile. Avec un peu d'espoir pour le garçonnet : son nouveau maître en CM2 lui laisse entrevoir un futur moins sombre...

Huit ans après le collectif Party Girl (Caméra d'Or à Cannes), Samuel Theis goûte à nouveau aux joies d'un premier film, toujours situé dans cette zone frontalière franco-allemande dont il est originaire, et dans un milieu populaire ; la jeunesse de son protagoniste constituant une différence significative. À la fois chronique initiatique et prélude à un probable passing de classe – on pense beaucoup à Marvin ou La Belle Éducation (2017) d'Anne Fontaine –, Petite Nature montre la découverte empirique des codes culturels par un gamin complexé par ce qu'il ne sait pas nommer mais ressent pleinement (et que Theis met en image sans recourir aux mots) : le plafond de verre du déterminisme social. Une histoire pleine de violences et de délicatesse, qui peut compter sur des comédiens courageux.

Un film de Samuel Theis (Fr., 1h33) avec Aliocha Reinert, Antoine Reinartz, Izïa Higelin... (sortie le 9 mars)


★★★☆☆ Women Do Cry

Bulgarie, de nos jours. Un patriarche autoritaire et hémiplégique – ses trois filles, dont une vit mal son post-partum et une autre est traitée de ratée ; ses deux petites-filles, dont l'une qui vient d'apprendre que son amant lui a transmis le sida – est en train de perdre la tête. Vies de femmes...

Composé à la manière d'un collage de saynètes s'agençant progressivement tel un puzzle, ce portrait de groupe avec dames dresse un tableau assez désespérant de la société bulgare, encore verrouillée par l'archaïsme obscurantiste, homophobe et masculin – mais ne faisons pas les farauds : sortant au lendemain du symbolique (pour ne pas dire dérisoire) 8-mars, Women Do Cry donne aussi l'occasion de balayer devant notre porte. Comme il montre l'énergie de nouvelles générations bien décidées à lutter contre les traditions oppressantes en s'éloignant du tropisme balkano-turc. Riche en plans-séquences étonnants (le personnage cyclothymique joué par Maria Bakalova – la fille de Borat – habite le plupart d'entre eux), scandé de respirations parfois insolites et volontiers métaphoriques, ce film viscéral n'est pas si éloigné du cinéma roumain actuel. Des réalisatrices à suivre.

Un film de Mina Mileva & Vesela Kazakova (Bul.-Fr., avec avert. 1h47) avec Maria Bakalova, Ralitsa Stoyanova, Katia Kazakova... (sortie le 9 mars)


★★★☆☆ Ma nuit

À 18 ans, la mélancolique Marion vit dans le souvenir de sa sœur aînée disparue, Alice. Une après-midi d'été, après s'être engueulée avec sa mère, elle part retrouver des amis. De soirée en errance, son voyage au bout de la nuit s'achèvera au côté d'Alex dans les rues de Paris...

Possédant cet inégalable charme des films tournés à Paris au mois d'août, dans la chaleur déserte de la capitale, cette déambulation en forme de cicatrisation intérieure rappelle tout autant le cinéma actuel de Mikhaël Hers (nourri de deuils, de personnages éthérés et de longues promenades) que la fantaisie rohmerienne du Signe du Lion ou des Nuits de la Pleine Lune – deux œuvres où la géographie urbaine peut se voir comme un personnage à part entière. Avec son visage mi-ado mi-adulte (déjà judicieusement employé dans Médecin de nuit), Lou Lampros incarne parfaitement cette jeune fille sur le fil, attendant une impulsion pour basculer côté vie et “résilience“, ou bien définitivement côté nuit et dépression. Cette Nuit tient de la rencontre providentielle comme du récit initiatique ; une heureuse surprise.

Un film de Antoinette Boulat (Fr.-Bel., 1h27) avec Lou Lampros, Tom Mercier, Carmen Kassovitz... (sortie le 9 mars)

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