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"Sans soleil" et "Petit à petit", le monde sur grand écran

Cinéma / Deux regards singuliers sur la notion de civilisation, portés par des approches narratives radicalement différentes : avec "Sans soleil" de Chris Marker et "Petit à petit" de Jean Rouch, ce sont les œuvres de deux des francs-tireurs les plus passionnants du cinéma français que nous propose de redécouvrir la Cinémathèque de Grenoble.

N'y allons pas par quatre chemins : d'une modernité et d'une beauté éblouissantes, Sans Soleil est une expérience immersive sidérante comme on n'en croise que peu souvent au cinéma. Documentaire atypique et poétique, prenant la forme d'une plongée dans la correspondance d'un caméraman fictif dont le flux de pensée nous mène du Japon au Cap-Vert en passant par la Guinée-Bissau, le film de Chris Marker est ainsi avant tout une œuvre de ressenti dans laquelle on s'abandonne, laissant son inconscient vaguer au fil des mots et des images. Naviguant sans cesse d'un lieu à un autre, d'une culture à une autre, d'une période à une autre au gré des réflexions du réalisateur, le long-métrage ne laisse ainsi volontairement que peu de répit au spectateur, le plongeant dans un état second propice à la contemplation des "choses qui font battre le cœur". En dépit de son impressionnante ambition formelle et narrative et de la richesse et la diversité des thématiques abordées, Sans Soleil est aussi paradoxalement une œuvre très... généreuse. Pour reprendre les mots du narrateur Sandor Krasna, « je salue le miracle économique, mais ce que j'ai envie de vous montrer, ce sont les fêtes de quartier ».

Lettres nigériennes

Moins populaire que ses films phares des années 50 et 60 (Les Maîtres fous, Moi, un noir, La Pyramide humaine, Chronique d'un été...), Petit à petit, sorti en 1970, est une œuvre à part dans la filmographie de Jean Rouch, figure majeure du cinéma ethnographique qui livre ici un long-métrage en bonne partie improvisé. Sorte de variation ironique des Lettres Persanes de Montesquieu, le film suit ainsi les pérégrinations de deux responsables d'une société d'import-export nigérienne, Damouré et Lam, venus à Paris dans le but de faire construire dans leur village un imposant building de plusieurs étages. Une trame qui, derrière sa simplicité absolue, permet bien sûr au cinéaste de mettre en parallèle les différences culturelles séparant la France et le Niger avec une liberté de ton mordante, aux antipodes de tout didactisme pontifiant.

Sans soleil de Chris Marker, vendredi 18 mars à 20h au cinéma Juliet-Berto, 4€/5, 50€/6, 50€

Petit à petit de Jean Rouch, jeudi 24 mars à 20h au cinéma Juliet-Berto, 4€/5, 50€/6, 50€

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