Orelsan, force sensible

On a assisté au show d’Orelsan, il y a quelques jours au Zénith d’Auvergne, pour le plaisir et aussi pour vous en parler avant sa venue au Palais des Sports de Grenoble le 16 avril. On vous raconte cette bonne soirée, sans rien divulgâcher !

Ça commence comme une soirée banale entre potes, sauf qu’on est 9000, majoritairement trentenaires, dans un Zénith toutes lumières allumées. Nous, pas à la pointe en matière de rap français, on fait partie de ceux qui ont découvert Orelsan sur le tard, avec La fête est finie (2017) et sa locomotive délicieusement grinçante, Défaite de famille. Justement, le Zénith scande : « Une chanson, Aurélien ! Une chanson, Aurélien ! » La nonchalance et l’humour d’Orelsan, coiffé comme Nicola Sirkis, font mouche aux premières notes, ce côté ado attardé qu’il a cultivé longtemps, et dont il garde des traits bienvenus.

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Extinction des feux, sortie des écrans géants, changement radical d’ambiance avec Civilisation et L’Odeur de l’essence. La scénographie se met en route, l’ambiance s’électrise et se tend. « Qu’est-ce qui nous gouverne, la peur et l’anxiété », déclame Orelsan, dans un décor de feu et de fumée, traduisant dans son écriture simple et directe les angoisses de plusieurs générations, sur la quête de sens, le mur climatique, le piège numérique, bref, le monde. La salle retient son souffle à l’écoute de Manifeste, un récit de 9000 signes (l’équivalent d’une pleine page du Petit Bulletin, par exemple) rappé d’une voix claire, une chanson racontée comme une histoire ; attentive aussi aux paroles de Baise le monde, monologue d’un gus qui vit « sa meilleure vie » en soirée, mais essaie en vain d’arrêter de penser au pêcheur de Madagascar à qui il doit ces crevettes, aux enfants travailleurs de Chine qui ont confectionné son beau survêt’…

On fait l’bilan

Mais tout n’est pas noir. Orelsan est à ce point de sa vie où l’on fait un premier et gros bilan, poussé par la diffusion du documentaire réalisé par son frère Clément Cotentin, Ne montre jamais ça à personne, six épisodes où l’on voit le jeune rappeur de Caen et ses potes tenter de percer, au début des années 2000. « Quand on était des loosers », rigole Orelsan sur scène, avant d’ouvrir la séquence ludique de son show, avec participation du public, jeux vidéo et karaoké, qui ramène la bande à ses débuts, façon plaisir régressif. On le retrouve même dans sa chambre de jeune homme, reconstituée, récitant ses Notes pour trop tard comme un dialogue entre l’Aurélien d’hier et d’aujourd’hui. Ce dernier semble, malgré la critique constante de notre société, avoir trouvé équilibre et bonheur, en attestent Athéna ou Seul avec du monde autour.

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Nous, les copines de toujours, on a bien sautillé sur Basique et Du propre, morceaux live par excellence, on a applaudi longuement les artistes et les techniciens, salués pendant plusieurs minutes, les uns après les autres, par Orelsan en fin de concert. On est sorties de là réchauffées, avec l’impression qu’on a partagé avec le rappeur et le Zénith ce sentiment, le moment de bascule entre l’ère de la fête frénétique et celle de la maturité sereine, qui coïncide avec un chavirage d’époques entre insouciantes années 2000 et inquiétantes 2020. Un basculement si bien incarné par Orelsan qu’il fait partie, aujourd’hui, de ces rares artistes français qui mettent à peu près tout le monde d’accord. C’était vraiment une bonne soirée.

Orelsan le 16 avril au Palais des Sports ; 50€

(vidéo A.D. / PB)

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