Politique culturelle / La liste ne cessait de s'allonger à Lyon, il en va de même à Grenoble. La commission permanente de la Région devrait acter le 25 mai une baisse importante des subventions pour vingt-cinq établissements culturels de l'Isère, dont les Musiciens du Louvre, la MC2, les Arts du Récit, l'Espace 600, La Rampe, l'Hexagone, Détours de Babel...
Grenoble est autant ciblée que Lyon par la diminution des subventions culturelles de la région Auvergne Rhône-Alpes. On savait déjà que la MC2 et l'Observatoire des politiques culturelles étaient touchés, à raison, respectivement, de 120 000 et 60 000 euros de coupes. Selon nos informations, 23 autres structures iséroises sont visées par ce « rééquilibrage » décidé par la Région, qui sera validé le 25 mai en commission permanente, après une commission culture ce vendredi 20 mai.
Parmi ces structures, certaines verraient leurs subventions tout bonnement supprimées : les Musiciens du Louvre passeraient de 100 000 euros à zéro. L'orchestre, présidé depuis décembre par l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, avait déjà subi une coupe sévère de la part de la ville de Grenoble à l'arrivée d'Eric Piolle, en 2014 : suppression de la dotation de 438 000 euros de la municipalité, assumée par le maire de Grenoble. Arc Nucléart, le laboratoire qui a sauvé la momie de Ramsès II (on vous en parlait dans le dernier numéro du PB), de 75 000 euros à zéro.
Ensuite une litanie de coupes très franches : moins 30 000 euros pour la Belle Électrique (plus de la moitié de sa subvention de l'an dernier), moins 60 000 pour les Détours de Babel, moins 22 000 pour le CDCN Le Pacifique... Les Arts du Récit, qui terminent juste la 35e édition de leur festival, 20 000 euros, La Rampe – La Ponatière 25 000 euros, tout comme l'Hexagone de Meylan et même l'Espace 600 est touché, avec 10 000 euros de moins.
Quatorze structures iséroises sont concernées par une baisse de 10% à 15% de leur subvention : Regards Croisés, qui se tient en ce moment au Théâtre 145, le Festival du film court en plein air, les Rencontres du jeune théâtre européen, le Printemps du livre de Grenoble...
À noter, dans toute la région, les écoles d'art sont très impactées. L'école supérieure d'art et de design de Grenoble perd ainsi 50 000 euros.
Les événements ruraux pas épargnés
Plus surprenant au regard de l'argumentaire de la Région, qui a justifié de déshabiller les villes pour favoriser la culture dans les territoires ruraux : des événements de montagne ou de campagne, qui contribuent grandement au rayonnement de ces territoires, sont également ciblés. C'est le cas de Vercors en Scène, le festival Berlioz, Messiaen au pays de la Meije, le festival Mens Alors !, les Nouvelles rencontres de Brangues ou encore Textes en l'air.
Et ceux qui gagnent, alors ? Ils sont quatre, dans le département de l'Isère, pour une augmentation de subventions s'élevant, tout cumulé, à 16 600 euros. Cela concerne Mixlab (de zéro à 1600€), l'Acrira (qui passe de 50 000€ à 60 000€), l'association Inspirations et l'Atelier du cinéma Excentrique (deux nouvelles subventions de 3000€ chacune). Anecdotique. Pas de quoi compenser les coupes, donc, et si l'on fait le tour des autres départements, c'est pareil. Le Cantal, l'Ardèche ou la Haute-Loire subissent aussi des baisses, dans une moindre mesure car le volume de subventions est bien moins élevé au départ dans ces départements.
« Il n'y a pas de rentes. Il y a des projets. »
Cet après-midi, le cabinet de Laurent Wauquiez nous a répondu que « les institutions culturelles des grandes métropoles mobilisent aujourd'hui une part importante du budget régional. Il ne s'agit pas de porter un jugement de valeur sur les actions qui sont aujourd'hui menées, mais de passer d'un financement de la rente, sans aucune marge de manœuvre, à un financement de projets. Il n'y a pas de rentes. Il y a des projets. C'est la raison pour laquelle il sera proposé un dispositif basé sur des appels à projet à rayonnement régional. Le rééquilibrage s'opérera en fonction des actions qui seront effectivement proposées dans les territoires. »
Et de souligner que « la région Auvergne-Rhône-Alpes porte la plus grande estime aux acteurs du monde culturel. Elle a toujours été à leurs côtés, notamment dans les périodes difficiles que nous venons de traverser. Encore une fois, il ne s'agit pas de dégrader la qualité de nos institutions mais d'évoluer, collectivement, sur un mode d'intervention qui prend davantage en compte la dimension régionale et qui permet d'irriguer l'ensemble du territoire. »
Sur l'ensemble des 313 structures culturelles examinées ce vendredi, alors qu'en 2021, les subventions votées représentaient un montant de 21 379 698 €, en 2022 le montant est de 17 594 665 €. Soit une baisse de 17, 7%. Pour l'instant, le mystère demeure sur la façon dont seront utilisés ces 3, 7 millions d'euros dégagés par la Région.
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