Virginie Vignon, directrice du TRACé : « On se cache souvent derrière l'éblouissement de l'oeuvre »

Design / Créé en 2021, le TRACé démarre sa programmation en fanfare avec la Biennale de design graphique qui ouvre tout juste ses portes sur le thème "Scénographier l'exposition". Virginie Vignon, sa directrice depuis un an, nous dit quelques mots sur cette institution atypique et les orientations de la Biennale.

Vous avez été nommée directrice du TRACé d'Échirolles en mars 2021. Pouvez-vous nous préciser ce qui se cache derrière cet acronyme ?

Le TRACé est un établissement public et administratif qui regroupe trois équipements culturels : deux musées et un centre d’art qui ont en moyenne une trentaine d’années d’existence. Le musée Géo-Charles (du nom d’un collectionneur dont la femme a fait le don de la collection à la Ville, ndlr) explore les relations art et sport, le musée de la Viscose est dédié à la fabrication de la matière première destinée aux textiles, et le centre du graphisme, au design graphique.

Ces trois lieux recouvrent des domaines très différents. Si on peut arriver à trouver un lien entre les collections du musée Géo-Charles et le Centre du graphisme, qui se consacrent tous les deux aux arts visuels, c’est moins évident avec le musée de la Viscose...

C’est plus au niveau de la période historique que cela se passe. Le musée Géo-Charles et celui de la Viscose sont des musées dont les collections concernent une même période, à savoir l’entre-deux-guerres. Géo-Charles collectionnait les artistes d’avant-garde de ces années-là, et les usines Viscose ont été fondées en 1927. Par ailleurs, c’est une période fondamentale dans l’histoire du graphisme grâce à l’essor de la publicité, dont l’expression était alors pleinement considérée comme un art.

Le Mois du graphisme se transforme en Biennale de design graphique. Pourquoi ce changement de nom ?

Je trouvais que l’appellation Mois du graphisme n’était pas pertinente, car l’événement dépasse largement le cadre mensuel. Venant moi-même du Signe à Chaumont (centre national du graphisme, structure porteuse de la Biennale internationale du graphisme de Chaumont, ndlr), je trouvais intéressant de reprendre l’intitulé "biennale" avec l’idée qu’il y aurait désormais, chaque année, un événement dédié au graphisme sur le territoire national, en alternance entre la biennale de Chaumont et celle d’Échirolles.

Pour cette première biennale échirolloise, vous avez fait le choix d'une entrée thématique...

L’idée est que la biennale soit vectrice de rassemblement, en proposant une thématique partagée par l’ensemble des équipements et des équipes artistiques. La thématique de cette année, "scénographier l’exposition", fait référence au domaine du spectacle vivant et tout particulièrement au livre Chorégraphier l’exposition, de Mathieu Copeland, qui interroge la place du corps des visiteurs dans les expositions.

La scénographie existe dans tous les secteurs culturels, mais on se cache aujourd’hui encore souvent derrière l’éblouissement de l’œuvre, ce qui à mon avis est une hypocrisie totale, puisqu’on sait très bien que la mise en espace des œuvres fait partie intégrante du scénario proposé par les institutions culturelles. Ça me semblait intéressant, dans le cadre d’une biennale, d’interroger spécifiquement le visiteur sur cet aspect-là. Nous avons donc invité pour chacun des trois sites des commissaires nationaux qui ont collaboré avec des scénographes rhônalpins.

Biennale de design graphique du 21 juin au 30 octobre au TRACé

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