Jean-Michel Othoniel, hôte du Facteur Cheval

Drôme / Othoniel et son art des sculptures en verre soufflé réenchantent le Palais du facteur Cheval pour plusieurs mois. L’occasion de se balader dans le Nord de la Drôme, au calme, au chaud. On a connu pire.

À l’extrême nord-ouest du département de la Drôme, le paysage est calme et paisible. En lisière, et un peu à l’intérieur aussi, du GR de la Drôme des collines, le facteur Cheval a installé son Palais idéal. Hauterives attire chaque année 200 000 visiteurs dans un site restreint, 300 000 même en 2019, dans la foulée du film dédié de Nils Tavernier. Othoniel invite donc à re-re-re-venir dans cet endroit si singulier.

C’est une « ivresse » pour le Stéphanois Jean-Michel Othoniel d’être à nouveau au Palais idéal du facteur Cheval où, avec sa mère, il venait enfant à la fin des années 60 en vacances. Il en garde « le bruit des pas sur les graviers, le vertige des belvédères, la peur du labyrinthe… la magie populaire ». Pour la première fois dans l’histoire du Palais, un artiste est invité à investir l’édifice même, dans ses nichées, ses travées.

En 1879, le facteur Cheval entreprenait de bâtir ce que Malraux classera en 1969 comme Monument historique au titre de l’art naïf. Sur sa tournée d'une trentaine de km à pied chaque jour dans les "terres froides", Joseph-Ferdinand Cheval ramasse des cailloux et commence l’œuvre d’une vie. Durant 33 ans, avec du tuf, du grès, du silex, du calcaire… il façonne un bestiaire, une grotte, des cascades et s’inspire des cartes postales qu’il distribue en reproduisant sur la façade ouest un mini chalet suisse, une maison carrée d’Alger, un temple hindou… Jusqu’à ce que sa création soit à son tour figée sur des cartes postales, sans son accord !

Le facteur va s’insurger, intenter au jeune photographe le premier procès de droit à l’image et le gagner. Jurisprudence photographique est actée, comme le rappelle une exposition biographique de cette aventure dans la salle attenante au site. Ici se trouvent aussi des œuvres d’Othoniel : ses splendides croquis à l’aquarelle pour ce projet in situ, des mobiles de verre et surtout deux installations remarquables : une Grotta Azzurra rafraîchissante d’un simple regard et le Precious Stonewall, exposé seulement pour la deuxième fois après sa création pour la rétrospective dédiée à l’artiste au Centre Pompidou en 2010.

Pour habiter le Palais, Othoniel a observé les dessins préparatoires du facteur et accédé à son désir qu’il soit animé de jeux d’eau. Lui-même versait des seaux dans les canalisations pour lui conférer cette vertu aquatique lorsque des visiteurs venaient ! Au final, dix fontaines en verre coloré translucide élaborées avec des maîtres-verriers de Murano subliment cet assemblage devant lequel le surréaliste André Breton venait se faire photographier. La lumière est parfaitement utilisée également, via les six vitraux qu’Othoniel a conçus. Ou encore dans les oriflammes qui surplombent cet étrange château.

En sortant du palais ne manquez pas, un kilomètre plus loin, le cimetière de ce bourg de 2000 habitants : le facteur Cheval y a construit à 78 ans son tombeau et celui de ses descendants.

Jean-Michel Othoniel, Le Rêve de l’eau jusqu’au 6 novembre au Palais idéal du facteur Cheval, Hauterives (Drôme), 0€/4€/6€

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