Lucille Lheureux présente son projet de politique culturelle 2022-2026

Conseil municipal / Lucille Lheureux, adjointe aux Cultures, a présenté lundi 11 juillet au conseil municipal de Grenoble son projet culturel pour la période 2022-2026, une délibération cadre qu’elle a défendue face aux vives critiques émanant des bancs de l’opposition. 

Un projet de mandat qui intervient deux ans après l’élection ; un délai dû, selon Lucille Lheureux, à une phase intense de concertation (« en six mois, on a vu à trois ou quatre reprises 100 à 120 acteurs culturels », explique l’élue) et bien sûr au Covid, qui a fait passer l’urgence devant les projets structurants en 2020.

La politique culturelle de Grenoble sera donc axée autour de quatre « priorités transversales » :

1)     L’égalité entre les hommes et les femmes (priorité aux projets portés par des femmes, attention portée la parité dans la programmation)

2)     L’universalité, c’est-à-dire des projets qui n’oublient aucun public, la municipalité souhaitant prioriser la petite enfance, l’adolescence et les personnes en situation de précarités (au pluriel, souligne Lucille Lheureux, car elle n’est pas que financière)

3)     La responsabilité environnementale

4)     La démocratie : tout projet participatif sera préféré

Lucille Lheureux : « Tout projet artistique doit pouvoir émerger »

Derrière ces quatre priorités, l'élue développe cinq axes, qui reprennent et précisent ces thématiques. Ces critères seront l’alpha et l’oméga de l’accompagnement de la Ville aux structures culturelles. Les dispositifs de subventions ont d’ailleurs été remis à plat, « afin de reconnaître la spécificité des artistes à ne pas entrer dans des cases. » Les aides seront classées par lieu, artiste, événement… Et non plus par discipline artistique. En ce qui concerne les aides pour les artistes, Lucille Lheureux est convaincue que « tout projet artistique doit pouvoir émerger ». À partir du moment où il ne déroge pas aux grands principes ci-dessus, une aide de 1500 euros sera accordée. L’enveloppe provisionnée pour ces subventions sera augmentée de 25%, en écho aux coupes budgétaires de la Région.

Nathalie Béranger : « Il n’y a pas de désengagement de la Région au niveau de la culture »

Coupes budgétaires plusieurs fois déplorées en conseil municipal, ce qui a poussé Nathalie Béranger, conseillère régionale et municipale Les Républicains, à allumer son micro. « Il n’y a pas de désengagement de la Région au niveau de la culture, le budget est maintenu à 62 millions d’euros », affirme-t-elle, malgré les nombreux articles consacrés à ce sujet, dans lesquels on décompte presque 4 millions d’euros repris en 2022 sur les subventions aux acteurs culturels d’Auvergne Rhône-Alpes. Et de répéter la justification de la Région, celle de mieux répartir les dotations entre villes et zones rurales ; argument qui ne se vérifie pas dans les chiffres : « Il faut savoir partager les budgets culturels », lâche Nathalie Béranger, qui termine en annonçant, outre un fonds d’urgence Covid en septembre, « de nouveaux dispositifs » qui arrivent à l’automne. « Soyez patients ! »

27 millions d’euros de budget annuel

Parenthèse régionale refermée, revenons-en à la politique grenobloise. Tout d’abord, un budget maintenu à un peu plus de 27 millions d’euros annuels, soit 174 euros par habitant. Pour les premiers volets importants en matière culturelle, la Ville prépare des travaux au rez-de-chaussée du Museum, afin de l’ouvrir davantage sur le parc ; le hall d’entrée du Grand théâtre subit actuellement un lifting. L’ancienne bibliothèque Prémol accueillera, elle, un espace dédié à la petite enfance, « qui a vocation à attirer les Grenoblois de tous les quartiers », précise Lucille Lheureux. Le Conservatoire sera restructuré, dans une volonté d’ouverture, avec davantage d’interventions à l'éveil artistique dans les établissements scolaires. « Il doit être mis au service du plus grand nombre. »

Une bibliothèque toute neuve

Mais le plus gros projet se situe dans les bibliothèques – peut-être une façon de redorer le blason littéraire de la majorité, qui avait fermé plusieurs équipements durant le premier mandat. Le mantra de Lucille Lheureux pour y attirer plus de monde : « Ouvrir, ouvrir, ouvrir ». Trois équipements seront réaménagés pour être plus ouverts sur l’espace public : les bibliothèques des Eaux-Claires-Mistral, de Saint-Bruno et Arlequin. Et surtout, un nouvel équipement sera construit, qui sera la bibliothèque « cœur de réseau ». Le mystère demeure sur le lieu d’implantation de ce projet ; mais on sait qu’il impliquera le déménagement d’une bibliothèque déjà existante. Plus d’infos à l’automne, nous a promis Lucille Lheureux.

Tout cela n’a pas convaincu les oppositions. Il semble que le langage propre à la majorité municipale hérisse certains conseillers municipaux, qui ne digèrent pas le pluriel accolé à la culture, ou pour qui la notion d’universalité, pour ne citer qu’elle, manque de concret.

« De grandes affirmations et des intentions bien pensantes », résume Hosny Ben Redjeb, élu L’Avenir ensemble en confiance (AEC). Pour lui, les grands projets évoqués (le Museum, les bibliothèques…) auraient dû faire l’objet de délibérations chiffrées et séparées. « L’échec de la politique culturelle de la municipalité est patent », condamne-t-il, listant les structures disparues depuis l’arrivée d’Éric Piolle aux manettes.

Cécile Cénatiempo : « Tout cela est presque poétique. On demande une politique claire, pas des longs discours »

Brigitte Boer (Grenoble Le Changement) attaque « un ramassis de poncifs mensongers ». Elle détaille le délitement de la fréquentation des bibliothèques, et celui d’œuvres et du patrimoine appartenant à la Ville, et prédit que les axes déterminés par Lucille Lheureux seront plus rigides qu’annoncés – elle utilise le mot « totalitaire », pour tout dire. Son voisin Alain Carignon a imprimé quelques images attestant de la dégradation de bâtiments historiques (la collégiale Saint-André et le clocher de l’église Saint-Louis sur lequel poussent des arbres) ou d’œuvres vandalisées (des sculptures entièrement recouvertes de tags, parc Paul-Mistral). « Vous n’êtes pas crédibles », lance-t-il, accusant la majorité Grenoble en commun de créer dans la création artistique une « obligation à accompagner les thèses dominantes ». Enfin, Émilie Chalas (Nouveau Regard) fustige une « team bisounours », et revient elle aussi sur les polémiques passées de la politique culturelle de l’équipe Piolle. « Tout cela est presque poétique. On demande une politique claire, pas des longs discours », soupire Cécile Cénatiempo (Nouvel air).

Tout cela fait bondir Lucille Lheureux, qui égrène la longue liste de ses projets culturels et assume ses lignes directrices  : « La politique culturelle vise à libérer les imaginaires des visions patriarcales, capitalistes… » et se porte garante de la liberté de création et de programmation dans la ville de Grenoble. « Je suis très fier de cette délibération, qui porte des priorités extrêmement claires », conclut le maire Éric Piolle, avant la mise au vote. Adoptée.

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