"Dark was the night" : message personnel (aux extra-terrestres)

Théâtre / Le metteur en scène Emmanuel Meirieu présentait mardi 4 octobre sa nouvelle création à la MC2. Il vous reste encore deux jours pour la découvrir.

C’est un décor qui le plante bien. Forestier, pastoral, nostalgique côté jardin ; post-apocalyptique, obscur, désolé côté cour. L’impressionnante scénographie est coupée en deux, reflétant sans équivoque la temporalité tragique de notre planète au futur plus qu’incertain. À gauche, s’épanouit tant qu’il en est encore temps le monde de François, un apiculteur consciencieux qui vit dans la douceur des souvenirs de son enfance pas comme les autres. Lorsqu’il avait 7 ans, ses parents, qui travaillaient pour la Nasa, lui ont proposé d’adresser un message aux extraterrestres, gravé sur un disque filant depuis 1977 à travers l’espace à bord de la sonde Voyager. Sur celui-ci (le Golden Record), résonne aussi le blues déchirant de Blind Willie Johnson. Un grand guitariste noir (et aveugle) mort en 1945 dans la plus complète pauvreté. Suivant les indications de son certificat de décès, un deuxième personnage – plus énigmatique – arpente en compagnie de son fils le cimetière Blanchette au Texas à la recherche de la sépulture du bluesman.

Le contre-pied de la Nasa

Dans de longs soliloques, les deux personnages principaux de cette pièce aux sujets puissants s’adressent directement au public (comme toujours chez le metteur en scène Emmanuel Meirieu) pour raconter l’injustice, la maladie, le racisme, la destruction de la planète, l’inconscience de l’humanité, aveugle elle aussi lorsqu’il s’agit de prendre du recul sur ses actes. En somme, tout ce que la Nasa a omis de préciser dans sa missive consensuelle aux extra-terrestres.

Dark was the night ressemble donc à un message personnel d’Emmanuel Meirieu aux éventuels habitants des confins de l’univers, celui d’un dramaturge qui tient sa ligne : parler des tragédies oubliées en jouant délibérément sur une émotion directe. Mais ici, on est un peu restés de marbre devant l’ambition cosmique de sa nouvelle création. Purement statique, la mise en scène ne surprend pas assez, d’autant que la pièce prend le risque d’une succession de monologues, sans aucune interaction entre les personnages, le tout accompagné d’une musique omniprésente qui brouille le texte plutôt qu’elle ne le porte. Toutefois, mention spéciale à l’ouverture du spectacle : inspirée, drôle, haletante, très réussie.

Dark was the night mercredi 5 et jeudi 6 octobre à la MC2, de 5€ à 28€

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