L'Excentrique cinéma, jeux de regards

Pour la nouvelle édition de son Excentrique Cinéma, le collectif grenoblois Cinex, qui fête cette année ses 30 ans, propose, à travers la projection de quatre longs métrages, une passionnante incursion dans l’univers du documentaire de création. Décryptage.

"Documentaire de création" : les mots sont simples, mais ce qu’ils désignent, pas toujours évident à appréhender. Membre du collectif de cinéastes Cinex, qui œuvre depuis maintenant trente ans à sa fabrication, sa diffusion et sa transmission, Yoann Demoz nous donne sa vision des choses : « ce qui est mis en avant dans le documentaire de création, c’est le côté cinématographique du réel : ce sont souvent des formes libres, qui s’attachent à créer un objet artistique à partir de quelque chose qu’on ne maitrise pas. Rien n’est écrit à l’avance, on crée avec de l’inattendu. C’est aussi un cinéma qui est, en quelque sorte, à la portée de tout le monde, dans le sens où il nécessite une sensibilité artistique, mais pas forcément de budget faramineux. C’est enfin souvent un cinéma de rencontre, que ce soit avec une personne, un lieu, un moment… Et la volonté du documentaire de création, c’est de transfigurer cette rencontre en un film. »

Entre ombre et lumière

Projetés hors-les-murs dans les salles du bar de La Tonnelle, du centre social autogéré Le 38 et du 102, le plus souvent en présence de leurs réalisateurs ou réalisatrices, les films de cette édition composent autant de plongées en immersion dans des microcosmes hautement singuliers. Dans Petite Conversation Familiale, Hélène Lapiower s’entretient pendant sept années avec différents membres de sa famille de petits tailleurs juifs polonais émigrés, dressant le portrait d’un « petit monde en voie de disparition ». Réalisé par Damien Froidevaux, La Mort du Dieu Serpent suit les cinq années d’exil tourmentées de Koumba, une jeune Parisienne expulsée au Sénégal à l’âge de 20 ans suite à une bagarre qui tourne mal. Dans Little Palestine, journal d’un siège, Abdallah Al-Khatib filme le destin des civils de Yarmouk, quartier de Damas où sont réfugiés des milliers de Palestiniens, pendant le siège brutal imposé par le régime syrien entre 2013 et 2015. Soy Libre (en photo), de Laure Portier, accompagne enfin sur le long terme les tribulations de son petit frère Arnaud, qui décide de quitter la France pour tenter d’échapper au déterminisme dans lequel son histoire personnelle l’a plongé. Quatre histoires de destins, de familles, de combat, de souffrances et d’espoirs, d’une puissance et d’une pertinence sans guère d’équivalent.

L’Excentrique Cinéma du mardi 15 au vendredi 18 novembre à la Tonnelle, au 38 et au 102 ; entrée libre/prix libre

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