Photographie / La galerie fontainoise accueille une série de photographies d'objets triviaux pris en gros plan et éclairés en clair-obscur. On recommande.
Formé à l'École supérieure d'art de Grenoble, Karim Kal présente au Vog, à Fontaine, une étonnante série de photographies d'objets triviaux vus en très gros plan et soumis à un magnifique éclairage en clair-obscur – le tout tiré sur d'immenses formats. Un cadenas rompu, un vieux gant de protection, un tas de bris de verre, une feuille de papier à rouler et même une sardine semblent émerger d'une obscure nuit hermétique. Subtilement éclairés, ces objets sans qualité apparaissent comme des mondes à explorer, le moindre détail est littéralement sublimé : les grains de poussière à la surface d'une brosse en plastique bleue-menthe-glacée nous semblent d'une délicatesse infinie, la découpe d'un tesson de bouteille évoque les séracs d'un glacier... Ces objets de consommation courante, souvent abîmés, évoquent l'univers du quartier populaire dont ils sont issus, celui de la Guillotière, à Lyon. En effet Karim Kal interroge à travers son travail la possible représentation de ce qui se trouve à la marge, de ce qui n'est pas considéré. En fin de parcours, deux photographies d'un sol urbain absorbé par la nuit environnante résonnent avec cette série d'objets collectés. On y voit des traces de passage, une flaque dont on ne sait s'il s'agit d'urine ou de sang, de possibles confettis... À la lisière de la fête et du désespoir, à la fois glauque et sublime.
Un nouvel ailleurs - Karim Kal jusqu'au 21 janvier 2023 au Vog, entrée libre