Mercredi 6 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or "Anatomie d’une chute" et sans doute favorisé par la grève affectant...
Cinéma : les films qui sortent à Grenoble le mercredi 14 décembre 2022
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 13 décembre 2022
Photo : © Michael Crotto
À l'affiche / Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Grenoble cette semaine.
À voir
★★★☆☆ Stella est amoureuse
1985. Après des vacances en Italie entre copines et un premier flirt, Stella entre en terminale dans son lycée bourgeois. Et découvre surtout les nuits branchées dans les boîtes parisiennes, là où elle n’est plus ni mineure, ni fille de bistrotiers en banlieue, mais l’éventuelle égérie de quelque mec tendance…
Il n’y a pas que James Cameron qui prenne son temps pour faire des suites : Sylvie Verheyde prolonge en effet ici 14 ans après le parcours de son alter ego Stella – une authentique "Antoine(tte) Doinel", tant elle s’inspire de son vécu – en opérant toutefois quelques substantielles modifications. Les plus visibles ? Au générique, Benjamin Biolay (alias le père de Stella) est le seul rescapé de la distribution originale ; le style naturaliste un peu trop misérabilisto-cradingue d’antan laisse la place à une esthétique plus composée, davantage en écho à la tentation "chic" de ces années-là. Sur le fond, cette évocation de l’époque des Bains ressuscite avec crédibilité et émotion ce qu’on suppose avoir été cette atmosphère si singulière – en tout cas, mieux que Une jeunesse dorée d’Eva Ionesco –, queue de comète de la parenthèse enchantée fourmillante de créativité. Autoportrait divergé initiatique saisissant la grâce, la fragilité et la rébellion de l’entrée dans l’âge adulte, Stella est amoureuse rappelle par sa rugosité comme sa justesse Pialat, Mazuy ou la Lvovsky des débuts. Outre la magnifique révélation Flavie Delangle, le choix de la BO participe de l’exactitude du tableau.
Un film de Sylvie Verheyde (Fr, 1h50) avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay…
à lire aussi : "Avatar 2" : une expérience audiovisuelle sans équivalent mais un scénario simplet
★★★☆☆ Ernest et Célestine : le voyage en Charabie
Catastrophe ! Célestine a cassé le violon d’Ernest et il n’y a que le luthier de son pays d’origine pour le réparer. Malgré la réticence de l’ours, les deux amis se rendent donc en Charabie, et leur surprise est de taille : là-bas, toute musique est prohibée, à l’exception d’une note. Mais une résistance s’est organisée…
à lire aussi : Charlotte Le Bon pour Falcon Lake : « Je n’avais pas envie de faire un énième récit initiatique »
Porté par les maîtres d’œuvre de la série animée télévisée ayant donné le joli programme court Ernest et Célestine en hiver (2017), ce deuxième opus version longue des aventures du duo animalier explore à nouveau la question des obligations imposées aux enfants par les adultes… Mais en se focalisant ici sur le personnage de l’ours et ses origines. Où l’on découvre un monde dystopique jusqu’à l’absurde gouverné par un juge revanchard, ainsi qu’une résistance poétique prête à tout pour faire résonner la raison. Terriblement d’actualité, cette histoire permet par la métaphore d’expliquer aux plus petits certains cahots du monde contemporain. Justifiant la nécessité de s’élever contre, ce film leur confirme que la prédestination n’existe pas : fils de juge ou pas, chacun est libre de s’épanouir dans la voie qui lui plaît. Le message passe d’autant plus avec les couleurs pastel et l’animation douce.
Un film d'animation de Julien Chheng & Jean-Christophe Roger (Fr, 1h19), dès 3 ans ; avec les voix de Lambert Wilson, Pauline Brunner…
★★★☆☆ Les Années Super 8
Entre 1972 et 1981, le mari de la romancière Annie Ernaux a filmé les siens avec une caméra Super 8, archivant le quotidien et l’intime d’une famille de la classe moyenne supérieure, mais aussi les coulisses de l’œuvre littéraire débutante de l’autrice. Un demi-siècle plus tard, celle-ci pose sa voix sur ces séquences muettes, tissant des liens avec ce qui fut le creuset de ses récits-romans. La boucle est bouclée avec ce livre d’images…
On ne saurait rêver meilleur sens du timing : présenté à Cannes, puis sur Arte juste avant l’attribution du Nobel de littérature à Annie Ernaux, ce documentaire peut se voir (et s’entendre) comme une initiation à son œuvre scripturaire. Son regard, à la fois lucide, attendri, sévère – et naturellement clinique – sur ces images-témoins tient autant du bilan personnel que de l’analyse sociologique : en ces années-là, ces familles lisaient Le Nouvel Obs, allaient au Club Med au Maroc pour les vacances, consommaient et devenaient propriétaires ; croyaient au grand soir du programme commun… Il y a une pointe de culpabilité a posteriori dans le commentaire, histoire de gourmander la naïveté de l'Annie d’alors, quelques piques pour affirmer que celle d’aujourd’hui est plus que jamais très à gauche (qui en douterait ?). Ces coquetteries idéologiques font partie intégrante de l’identité Ernaux, autant que ces images et ses écrits.
Un documentaire de Annie Ernaux & David Ernaux-Briot (Fr, 1h03) avec la voix de Annie Ernaux…
★★★☆☆ Mon héroïne
Gamine, Alex vouait déjà une admiration sans borne pour Julia Roberts. Des années plus tard, alors qu’elle ambitionne de devenir réalisatrice, elle décide sur un coup de tête de partir à New York soumettre un scénario à la star. Escortée par sa tante et sa mère, arrivera-t-elle à réaliser son rêve ?
Un bel exemple d’auto-réflexivité que ce film parti d’une ambition personnelle sincère et viscérale, transmutant une histoire vraie en comédie "à l’américaine". Romançant à juste dose pour ne pas tomber dans l’excès – quitte à sabrer des anecdotes authentiques mais bigger than life comme l’on dit outre-Atlantique –, Noémie Lefort bénéficie pour exécuter sa partition un trio rythmé d’actrices : la jeune Chloé Jouannet, la toujours juste Pascale Arbillot et la (de plus en plus remarquée) Louise Coldefy. Évoquant par certains aspects À la recherche de Garbo (1984) de Lumet, en plus joyeux, cette comédie à suspense se trouve un épilogue malin en forme de conte de fées. Préparez vos mouchoirs.
Un film de Noémie Lefort (Fr, 1h48) avec Chloé Jouannet, Pascale Arbillot, Louise Coldefy…
★★★☆☆ In viaggio
Élu voilà bientôt dix ans évêque de Rome, c’est-à-dire pape sous le nom de François, le Jésuite Jorge Mario Bergoglio a placé son pontificat sous le signe d’une plus grande transparence des affaires de l’Église, rappelant les dignitaires et leurs ouailles à leurs obligations de chrétiens telles qu’énoncées dans la Bible. Sans être d’une modernité absolue (il lui reste du chemin à parcourir sur la voie du progressisme, notamment quant à la question du droit des femmes à disposer de leur corps), François a fait bouger quelques lignes. Et, à l’instar de ses prédécesseurs, avalé les kilomètres autour de la planète. Sans doute est-ce parce qu’il a consacré son premier voyage officiel à Lampedusa et un discours à l’accueil des migrants que Gianfranco Rosi (auteur de Fuocoammare) a choisi s’intéresser à ce pèlerin. Moins sirupeux que l’hagiographie de Wenders sur le même sujet, ce film de montage sélectionne des instants d’humanité de l’ecclésiastique. Ceux où il morigène les prélats pédocriminels, où il faillit en gestes ou en paroles (avant de faire amende honorable), où il se montre proche du peuple et non reclus dans sa "bulle" papale, si l’on ose. Pas de voix off, de l’image brute et un regard plutôt bienveillant.
Documentaire de Gianfranco Rosi (It., 1h19) avec Jorge Mario Bergoglio
On s’en contente
★★☆☆☆ Corsage
Impératrice d’Autriche et reine de Hongrie à l’aube de ses 40 ans, Sissi s’ennuie. Réduite à un rôle protocolaire de potiche, hantée par la mort de sa fille aînée, obsédée par sa taille de guêpe qui la contraint à s’affamer, elle ne trouve guère de fantaisie que dans la compagnie de son cousin Ludwig…
Avouons-le : on aurait bien aimé apprécier ce nouveau regard sur Sissi, figure historique déjà saisie à maintes reprises par le 7e Art. Encore eût-il fallu comprendre l’intention ou le projet de Marie Kreutzer dans ce pseudo-biopic maniéré et conceptuel où la réalisatrice fait œuvre de "déconstruction" en empilant ostensiblement les anachronismes à l’image : décors vides et décrépits, appareils électriques du XXIe siècle, postiches, doigt d’honneur à la cour… Loin du clin d’œil simili punk que constituait la présence d’une paire de baskets dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006), le systématisme du procédé trahit soit une production fauchée qui a renoncé à toute idée de raccord, soit la pauvre idée – métaphorisée ad nauseam – que Sissi l’opprimée est quelque part une femme d’aujourd’hui. On croirait ces audaces de la fin des années 1960, en version réchauffée et périmée. Et l’on en oublie le destin tragique de Sissi, victime collatérale de cette tentative. À se demander si les viennoiseries de Marischka ne sont pas moins indigestes.
Un film de Marie Kreutzer (Aut-Fr-Lux-All, 1h53) avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Katharina Lorenz…
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Vendredi 18 août 2023 Les critiques express des films qui arrivent à l'affiche des cinémas de Grenoble cette semaine.
Vendredi 18 août 2023 Autopsie de la déchirure d’un couple et d’un fait divers sous le regard aveugle de la justice ainsi que d’un enfant malvoyant, Anatomie d’une chute est un film de procès où le son joue un rôle capital. Une bonne raison d’écouter la parole de Justine...
Mardi 9 mai 2023 La vérité dépasse parfois la fiction, dit-on. Dans le cas du Principal, Chad Chenouga s’empare d’une histoire aussi invraisemblable qu’authentique, qu’il amende d’éléments personnels. Explications recueillies lors des Rencontres du Sud.
Mardi 11 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès Varda, Michel Ocelot ou...
Mardi 11 avril 2023 Présenté en ouverture des Rencontres du Sud avignonnaises, "Le Prix du passage" rappelle la douloureuse situation des migrants bloqués aux portes de la Manche, ainsi que la réalité des trafics humains. Un “film social“ loin des codes du genre, que...
Lundi 2 janvier 2023 À voir dans les cinémas de Grenoble cette semaine : "Nostalgia", "Cet été-là", "Les Survivants", "Tirailleurs"...
Lundi 14 novembre 2022 Une très belle sélection de films concoctée pour le festival Écran Total, du 18 au 22 novembre à la Vence Scène de Saint-Égrève.
Lundi 9 mai 2022 D’une histoire vraie, Jean-Pierre Améris a tiré le sujet de son nouvel opus, une comédie sociale et chorale sur fond de problématiques rurales contemporaines. Tourné dans les verdoyants paysages du Cantal, ce film apparaît à bien des égards comme un...
Lundi 2 mai 2022 Participez à la sélection du prestigieux prix cinématographique LUX en assistant à trois projections proposées par le cinéma Le Club.
Lundi 9 mai 2022 Trois ans après sa dernière “édition normale“, le Festival du cinéma italien de Voiron est enfin de retour au printemps en salle. Avec un programme dense, des invités et… sa désormais célèbre pizza géante. A tavola !
Lundi 9 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Grenoble cette semaine.
Lundi 25 avril 2022 Entre documentaire et fiction, Nicolas Peduzzi signe le film "Ghost Song", à voir à Grenoble au cinéma Le Club.
Vendredi 22 avril 2022 Comédienne chez Denys Arcand ("L’Âge des ténèbres") et surtout Xavier Dolan ("Les Amours imaginaires", "Laurence Anyways"), la Québécoise Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long-métrage remarqué, "La Femme de mon frère". Elle est de...
Vendredi 22 avril 2022 La salle de cinéma de Bourg d'Oisans profite de la Fête des Minéraux pour proposer trois projections de qualité, entre le 29 avril et le 1er mai, à 5€ la séance.
Vendredi 22 avril 2022 Projection à ne pas rater à la Cinémathèque de Grenoble, vendredi 6 mai : le superbe "Happy Together", signé Wong Kar-wai.
Vendredi 22 avril 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Grenoble cette semaine.
Lundi 25 avril 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Grenoble cette semaine.
Vendredi 22 avril 2022 Orfèvre dans l’art de saisir des ambiances et des climats humains, Mikhaël Hers ("Ce sentiment de l’été", "Amanda"…) en restitue ici simultanément deux profondément singuliers : l’univers de la radio la nuit et l’air du temps des années 1980. Une...
Lundi 11 avril 2022 Alors que quelques-unes de ses œuvres de jeunesse bénéficient actuellement d’une ressortie dans des copies restaurées en 4K grâce au travail toujours (...)
Mardi 12 avril 2022 Un film de 8 heures qui raconte l'histoire d'activistes débutants, qui s'attaquent, à Grenoble, à des sites techno-industriels... C'est la projection que propose le 102, dimanche 17 avril.
Mardi 12 avril 2022 Le duo de cinéastes est de retour avec un nouveau documentaire, "Allons enfants", consacré au seul établissement en France ayant intégré une section hip-hop ouverte à tous les profils d’élèves, le lycée Turgot de Paris. Ils ont suivi les élèves de...
Mardi 12 avril 2022 Scénariste et producteur à succès ("Des hommes et des dieux", "Timbuktu"), Étienne Comar avait signé un biopic en demi-teinte ("Django"). Plus modeste, son deuxième film, "À l'ombre des filles", est une franche réussite où il dirige Alex Lutz en...
Mardi 12 avril 2022 Indispensable
★★★★☆ I COMETE
L’été dans un village de Corse. Une succession d’événements ordinaires, de saynètes (...)
Mardi 12 avril 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Grenoble cette semaine.
Lundi 11 avril 2022 Piochés dans une carrière où l’éclectisme des genres le dispute à la maîtrise formelle et à l’élégance visuelle, les trois films de Mankiewicz proposés par le Ciné-club rappellent combien moderne (et essentiel) demeure son cinéma. On fonce !
Mardi 12 avril 2022 Né sous les auspices de la Cinéfondation cannoise, coproduit par Scorsese, primé à Avignon, "Murina" est reparti de la Croisette avec la Caméra d’Or. Une pêche pas si miraculeuse que cela pour ce premier long-métrage croate brûlé par le sel, le...
Mardi 29 mars 2022 Retour derrière le micro pour Malik Bentalha, voix française de Sonic le hérisson dans le deuxième opus de la franchise Sega-Paramount. L’occasion de poursuivre la conversation avec ce fan absolu des années 1980, débordant d’enthousiasme et de...
Mardi 29 mars 2022 Il s’agit désormais d’une tradition bien établie : chaque année, le festival Ojo Loco rend hommage au cinéma de genre le temps d’une nuit (agitée !) à (...)
Mardi 29 mars 2022 Aussi singulière soit l’histoire d’un voyage, il y a toujours un fond d’universel qui parle à chacun. Le festival isérois Les clefs de l’aventure n’existe (...)