"Libre arbitre" : le genre en piste par la compagnie Le Grand Chelem

Libre arbitre

L'Amphi de Pont-de-Claix

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Spectacle aussi intelligent que désopilant, "Libre arbitre" de Julie Bertin et Léa Girardet questionne habilement, à travers le cas d’une athlète jugée pas assez féminine pour mériter son titre olympique, « le libre arbitre des femmes vis-à-vis de leur corps et de leur féminité ». Une réussite à découvrir à l’Amphithéâtre du Pont-de-Claix.

Comment une "vraie femme" devrait-elle pratiquer l’athlétisme ? En talons, tout sourire et avec courtoisie envers ses concurrentes ? Cette vision du sport féminin, la compagnie Le Grand Chelem l’a mise en place dans une des scènes de son spectacle Libre arbitre, afin de mettre en lumière par l’absurde « la représentation du corps de la femme et de son contrôle dans le milieu sportif ». Le résultat est à la fois comique et effrayant.

Pour les autrices Julie Bertin et Léa Girardet, déjà à l’origine du succès Le Syndrome du banc de touche, tout est parti de l’histoire de l’athlète sud-africaine Caster Semenya, dont le titre mondial au 800 mètres en 2009 a entraîné d’infinies supputations sur son genre. En revenant dans les détails sur tous les aspects du dossier (notamment les tests de féminité et les traitements hormonaux imposés à la sportive), les deux conceptrices du spectacle proposent du théâtre documentaire solide sur ses appuis – elles ont mené de nombreuses interviews en amont. Et interrogent ainsi, via un cas pratique, un sujet large : celui du genre dans une société censée être binaire mais qui ne l’est pas tant que ça, l’intersexuation en étant l’un des exemples flagrants et encore aujourd’hui trop méconnus.

Le théâtre avant tout

Il y a donc le fond, passionnant. Et il y a la forme, efficace. Sur ce genre de sujets agitant la société, beaucoup d’artistes foncent tête baissée dans la recherche de la démonstration parfaite afin de faire passer leur message. Ici, Julie Bertin, Léa Girardet et les trois autres comédiennes qui accompagnent Léa Girardet au plateau (Julie Bertin est à la mise en scène) n’oublient pas qu’elles font avant tout du théâtre.

D’où toute une construction réfléchie en différents tableaux dont certains sont fictionnels (telles les discussions entre bonhommes dans les plus hautes sphères du sport international) pour, finalement, donner habilement au public de la matière à penser (sur l’intersexuation, mais aussi sur le racisme systémique du monde du sport ou sur la lesbophobie) tout en l’emmenant dans un univers artistique et, cadeau suprême, le divertissant. Ça vaut bien une médaille d’or en sport combiné.

Libre arbitre jeudi 30 mars à l’Amphithéâtre du Pont-de-Claix ; de 6, 20€ à 15, 40€

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