Half Nelson

de Ryan Fleck (ÉU, 1h46) avec Ryan Gosling, Shareeka Epps...


Dan Dunne est cool. Prof dans un lycée de Brooklyn, nonchalant et sexy, il essaie (sans grand mal) de faire penser ses élèves par eux-mêmes en leur martelant que l'histoire est faite de contraires. Mais en fait, Dan Dunne n'est pas si cool que ça. En privé, il alterne cocaïne et crack pour mieux s'apitoyer sur son sort. Le jour où l'une de ses élèves le surprend complètement stone dans les toilettes du bahut, une relation rédemptrice s'instaure, qui pourrait sauver ces deux âmes fragiles. Bienvenue dans le monde du film néo indépendant US, dans un traitement doloriste de son sujet tendance Dossiers de l'Écran mais "qui a fait sensation à Sundance". Une fiction à vocation à peu près humaniste, qui nous dit que l'espoir est toujours possible dès qu'on s'ouvre aux autres, mais pas tout le temps. Une mise en scène carrée, qui s'autorise de menus écarts (caméra à l'épaule, légers décadrages) - avec un systématisme assez pompier - pour mieux capter le trouble de ses personnages. Un scénario qui ne peut s'empêcher de verser dans le démonstratif, qui s'effondrerait comme un château de cartes si le casting ne sauvait pas tout. Sans le binôme constitué par l'attachante Shareeka Epps et surtout par l'impeccable Ryan Gosling (déjà grandiose dans le médiocre drame intimiste The United States of Leland), Half Nelson n'aurait sans nul doute pas eu les honneurs qui sont les siens aujourd'hui. Gosling ne se contente pas d'investir le rôle à la façon Actor's Studio en pensant très fort à l'Oscar (il fut d'ailleurs nominé cette année), il lui insuffle avec nuances l'âme qui lui manquait à l'écriture, et développe avec brio toutes ses contradictions, donnant au film le sens qui lui faisait défaut.FC


<< article précédent
Hot Fuzz