Akoibon

de et avec Edouard Baer (Fr, 1h35) avec Jean Rochefort, Nader Boussandel, Chiara Mastroianni...


Le deuxième film d'Édouard Baer après La Bostella porte bien son titre, tant le génie de son auteur relève de l'akoibonisme pur et simple : à quoi bon raconter une histoire puisque le cinéma les a déjà toutes racontées... Les films de mafia ? Déjà vus... Les histoires d'amour ? Éculées... Même le post-modernisme est déjà essoufflé... Alors que reste-t-il ? Le langage bien sûr, que Baer manie avec cette verve hallucinante, ce sens unique de la digression élégante et de l'à-propos classe. Il le place ici chez TOUS les personnages déjantés qui viennent faire un tour dans ce grand manège bordélique, et peut du coup se mettre en retrait à l'écran en tant qu'acteur.

Parti sur une aventure picaresque à base de chantage, de passion commune pour Georges Moustaki et d'île habitée par une ex-gloire des nuits people estivales, le film bascule finalement dans une mise en abyme où plus rien n'a de sens, plus rien n'a d'importance et tout peut arriver. Souvent hilarant (ah ! les interventions de Jean-Bernard Ollivier...), parfois répétitif, le film manque surtout de rigueur dans sa folie (ou de folie dans sa rigueur) : Baer n'est pas loin d'une sorte de Mulholland drive absurde et burlesque, mais il lui reste encore à maîtriser ce cinéma dont il sait avant tout fort bien se moquer. CC


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