Près du monde


Historique / En réaction à l'académisme triomphant, le mouvement impressionniste vécut des débuts difficiles. Nous sommes à la fin du second Empire. Un groupe d'amis peintres, des Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Pissarro, Bazille, Sisley ou Morizot se rencontrent à Paris dans des ateliers, ou se regroupent autour de leur maître, Manet. Ils travaillent ensemble, fréquentent le café Guerbois. Mais surtout, ils partagent les mêmes refus de l'académisme, et de la tradition : ils revendiquent de nouvelles conceptions et pratiques de leur art en rupture avec les principes de la peinture officielle, l'art classique. Des aspirations esthétiques les rassemblent : privilégier le regard immédiat, transcrire une vision instantanée de la réalité. Être dans, et avec le monde. Le plein air est donc privilégié, la lumière naturelle, la couleur, les paysages, les scènes de la vie quotidienne. Les aspects éphémères et instables de la réalité les intéressent. C'est une révolution picturale, qui engendra une libération de l'art du 20e et dont l'influence fut considérable dans l'Histoire de l'Art. Pourtant, en son temps, la réception de cette nouvelle conception de l'art fut catastrophique en France : les toiles furent régulièrement refusées au Salon Officiel. Mais entêté, le groupe organise en marge du Salon ses propres expositions. La première eut lieu en 1874 dans la galerie du photographe Nadar. Et, là, Ô scandale, les œuvres sont raillées de toutes parts. Le critique Louis Leroy imagine un dialogue moqueur entre deux visiteurs dans lequel il parle “d'impression”. Le mot est né, et est repris et adopté par les peintres. Jusqu'en 1886, huit expositions se succéderont, chacune sans succès. Il faudra compter sur les collectionneurs américains, et particulièrement sur Paul Durand-Ruel, un marchand d'art français qui exporta la peinture impressionniste outre-atlantique et qui ouvrit une galerie à New York en 1886, pour que ce mouvement puisse vivre et continuer à exister. SD


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«Transcrire le temps qui s'écoule»