Ce qui a déjà changé

RETOUR / La réforme LMD, quatre ans après son application dans les universités grenobloises, est vue plutôt positivement du côté des Conseils des études et de la vie universitaire (CEVU) chargés de sa mise en place. Ce qui n'empêche pas quelques bémols. BDV


À l'Université Joseph Fourier (UJF, sciences), Jacques Gasquy estime que «la LMD a mis de la souplesse dans le parcours universitaire : l'étudiant en est beaucoup plus acteur qu'avant». Il est vrai que les intitulés de masters ont fleuri (plus de 80 offres à Fourier !). En supprimant le niveau bac+4, la LMD a aussi allongé les études de bon nombre d'étudiants, augmentant théoriquement leur nombre sur les bancs des amphis tandis que les budgets des universités restaient les mêmes. Mais Alain Fernex (UPMF) relativise les effets négatifs de cette augmentation : «On arrive dans une génération creuse, l'effet démographique fait baisser le nombre de bacheliers». Et il ne craint pas l'effet sélectif : «Sur les M2, l'offre s'est beaucoup étoffée, avec des spécialités nouvelles, même si nous ne sommes pas encore totalement au point». Après avoir exigé le retrait de la loi, l'Unef, principal syndicat étudiant en France, s'est résignée : «Ça ne sert plus à rien d'être contre cette loi, elle est là, estime le président de la section grenobloise Alexis Reynaud. Par contre, on continue de dénoncer ses conséquences». Mobilité réduiteÀ savoir le manque de financements, la remise en cause du caractère national des diplômes... et le leurre de la mobilité européenne, censément facilitée par l'harmonisation des diplômes : «La remise en cause du cadre national pour les diplômes rend plus difficile d'être mobile en France. En Europe, même si c'est peut-être plus facile administrativement, le problème est surtout financier : une année à l'étranger coûte cher, et si la région Rhône-Alpes donne des bourses confortables ce n'est pas le cas partout en France». Même les universités le reconnaissent : «Je ne pense pas qu'on puisse dire que la mobilité a augmenté, admet Alain Fernex. Outre la question financière, il aurait fallu unifier ce qu'on met derrière un crédit. Ce n'était pas spécifié au départ. Le danger existe de ne pas voir son année à l'étranger valorisée et transformée en Unité d'enseignement, il faudrait une reconnaissance généralisée». Tous les secteurs ne sont pas encore concernés par la LMD : l'adaptation de la réforme aux formations de santé (médecine, pharmacie, manipulateur radio) est sans doute le prochain chantier de l'UJF. Par la suite, d'autres formations comme les écoles d'infirmières ou les BTS pourraient être intégrées au LMD. D'autres branches pâtissent du changement de durée : les Instituts d'Études Politiques sont passés de 4 à 5 ans. Le cursus d'Architecture, qui s'étalait sur six ans, est devenu une formule en 5+1 : diplôme, puis un an de professionnalisation.


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