Visa, job et diplôme

Étudiants étrangers / Michael Zemmour, membre du bureau national de l'Unef (principal syndicat étudiant), fait à l'heure de la rentrée un point sur l'accueil des étudiants étrangers en France. Propos recueillis par Dalya Daoud


L'Unef milite pour que les étudiants étrangers obtiennent des cartes de séjour pluriannuelles. Où en est le décret ?Michael Zemmour : Les procédures pour renouveler un titre de séjour sont très lourdes. L'an dernier, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, s'était engagé auprès de l'Unef à ce sujet. Si un décret semble pouvoir être prochainement appliqué, il serait néanmoins restrictif et ne concernerait que les étudiants qui entament un master.Qu'est-ce que l'immigration choisie prônée par Nicolas Sarkozy modifie pour les étudiants étrangers ?Les procédures pour venir en France sont différentes. Aujourd'hui, il faut se rendre au Centre pour les Études en France (CEF) dans son pays d'origine. Une soixantaine de pays en est déjà dotée. Ces organismes pourraient être une interface avantageuse entre l'étudiant depuis son pays d'origine et les universités françaises, mais en réalité cette procédure obligatoire est très lourde, elle coûte chère et n'est pas remboursable en cas de refus. Surtout, elle reste opaque voire aléatoire.Vous êtes allés sur place, vérifier le fonctionnement de ces CEF...Nous sommes allés à Alger, à Rabbah, à Séoul et à Hong Kong. On a constaté une différence de traitement dans la procédure selon les pays. À Séoul, il n'y a quasiment pas de refus. La politique du CEF menée en Corée du Sud tend même à démarcher des étudiants pour la France. En revanche, au Maroc, sur la totalité des étudiants qui ont obtenu une inscription à la fac en France, avec un avis pédagogique favorable, près de la moitié se voit refuser son titre de séjour. Sans raison claire. Notons que le nombre d'étudiants qui vient en France sans visa est minime, c'est très marginal. La majorité des étudiants sans papiers ont eu un visa, mais se sont ensuite vus refuser son renouvellement. Pour ces cas, les préfectures invoquent le non suivi des études par le ressortissant étranger.Est-ce vraiment à un fonctionnaire de préfecture de déterminer la pertinence d'un parcours pédagogique ?Il peut vérifier un avis donné par un universitaire, et l'assiduité aux examens, mais c'est tout. On est souvent obligé de demander l'intervention d'un président d'université qui défendra le cas d'un étudiant étranger, mais cela change rarement la donne. En France il y a environ 300 000 étudiants étrangers et, contrairement aux idées reçues, une majorité est en master.Il y a eu enfin, selon vous, du progrès quant au travail des étudiants étrangers ?Oui, ils peuvent maintenant travailler 964 heures par an, sans autorisation administrative préalable. Depuis 2003, ils ne pouvaient travailler que 850 heures par an sous réserve de cette autorisation, souvent délivrée avec du retard. Ces formalités suscitaient beaucoup de réticences chez les employeurs. Les étudiants étrangers n'ont pas droit aux aides sociales, ils ont donc besoin de travailler. Un bémol subsiste encore pour les étudiants algériens. À cause de conventions franco-algériennes anciennes, ils sont toujours soumis à l'autorisation de travail.


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L’université en mutation