Trois fois plus de plaisir


Après avoir triomphé il y a quelques mois avec sa mise en scène de Coriolan, Christian Schiaretti continue son exploration des classiques. Cette fois, il imagine un théâtre de tréteaux qui préserve les codes de la farce et entend bien montrer que les comédies de Molière peuvent garder toute leur modernité en costumes du XVIIe... Comique de mots, de gestes, de situations, quiproquos à la pelle et manipulations à l'envi, tout le monde en prend pour son grade. Des maris jaloux aux amants suspicieux en passant par les sottes provinciales et pédantes, Molière prend un plaisir presque sadique à ridiculiser tout ce petit monde. Les réactions du public aux clins d'œil entendus que lancent les comédiens prouvent assez que 300 ans n'ont pas eu raison du génie comique de l'auteur. D'autant plus que le metteur en scène n'a pas laissé l'enchaînement des pièces au hasard. Sganarelle ou le cocu imaginaire d'abord, L'École des maris ensuite et pour finir, Les Précieuses ridicules. Les deux premières sont en vers, la troisième en prose. Il faut un temps certain au spectateur pour réaliser que les rimes s'en sont allées. Les Précieuses ridicules marquent sans aucun doute l'apothéose de cette soirée, les comédiens prennent un tel plaisir à jouer que le public se laisse emporter dans un véritable tourbillon jubilatoire qui décrocherait un sourire au spectateur le plus récalcitrant. Et ceci, en grande partie grâce à une incroyable troupe de dix jeunes comédiens à l'énergie débordante, dont pas un ne démérite. Pour les trois farces, le metteur en scène a imaginé un décor unique et réduit à l'essentiel. Les changements de costumes se font à vue, à peine dissimulés derrière des paravents qui laissent deviner les ombres des acteurs. Alors, certes, on prend peu de risque avec les comédies de Molière, mais quand c'est bon, c'est vraiment excellent.Dorotée AznarChristian Schiarettidu 10 au 12 octobre à 20h, à l'Hexagone


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Les Pieux du stade