Magnétique


Comme s'il était absurde d'ériger des frontières et des murs, les douze danseurs issus de trois cultures différentes s'attirent, se soudent, se rejettent dans un tableau vivant et humain très émouvant. Un rapprochement évident, comme semble inéluctables et évidentes les attractions magnétiques en physique. Ainsi se clôt Un Champ de Forces, très belle pièce du chorégraphe Heddy Maalem, où des êtres aux origines et cultures différentes forment le Monde. Leur liberté s'exprime par le corps ; des corps souvent sensuels, des corps en tout cas curieux de l'autre, en alerte de l'autre. Des corps qui se regardent et s'imbriquent avec distance. Mais tout débute par un groupe d'humanité. La lumière monte sur trois danseurs africains : deux femmes derrière un homme le poussent sans le toucher. Ils sont presque à nu, portent de simples maillots noirs. Ils font corps sans jamais qu'il y ait contacts, et leurs mouvements secs et épurés donnent furtivement la couleur de leurs identités. Les gestes restent amples. Gestes que l'on reconnaît chez les autres danseurs, asiatiques, cette fois. Deux femmes et un homme, eux aussi dépouillés, remplacent le premier groupe, comme si une disparition avait eu lieu. Les mouvements sont limpides, simples : les déséquilibres et les enroulés se font sensuels. Enfin des danseurs que l'on identifie européens impriment leurs univers. Puis, les corps se mélangent, les regards se découvrent, les têtes se frottent, les poitrines et épaules se sentent. Une danse monde se dessine. Des phrases corporelles multiculturelles s'écrivent. Après Le Sacre du Printemps qu'Heddy Maalem avait écrit pour 14 danseurs africains, Un Champ de Forces prolonge sa réflexion sur l'identité. On se réjouit de découvrir également de ce chorégraphe, ancien boxeur venu à la danse de manière évidente, Le Principe de Solitude qu'il créera au Pacifique. SDUn Champ de Forces les 15, 16 janvier à 20h, à l'HexagoneLe Principe de Solitude le 18 janvier à 20h30, au Pacifique


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La couleur pourpre