Putain, 30 ans !

Historique / Retour sur les 30 premières années d'un Festival, qui de sa naissance fauchée à sa (relative) stabilité actuelle, a toujours réussi à éviter l'embourgeoisement. Damien Grimbert


1977 : Création du festival. Malgré quelques précédents à Tours, Lille et Grenoble (mais en intérieur), le Festival du Court Métrage de Grenoble est le premier à s'imposer auprès du public, les projections en plein air et la gratuité y tenant évidemment leur rôle. Un beau début, pourtant pas gagné d'avance. «La réponse qu'on avait des élus de l'époque c'était : “mais tout de façon, le court-métrage, ça n'intéresse personne“. Nous on a dit : “écoutez, vous vous trompez, c'est faux, vous allez voir !“», se rappelle Michel Warren. «Comme on n'avait pas un rond, on a acheté un drap qu'on a tendu contre le mur de l'église, on a téléphoné à 6 ou 7 copains à Paris en demandant leur accord pour qu'on passe leur film sur la place, et on a fait 2 soirées qui ont bien marché». Grâce à la mobilisation des commerçants du centre-ville, un jury est monté, et le premier prix du festival attribué. Lentement mais sûrement, le festival gagne un peu en ampleur dans les années qui suivent jusqu'à la 5e année, «date à laquelle la ville et le département nous ont donné un peu d'argent. Ce qui nous a permis de doubler la séance, c'est-à-dire de faire une séance a 20h30 dans la salle Juliet Berto avec un vrai jury, et une autre à 22h sur la place». Le public afflue toujours plus nombreux, et l'écran se déplace progressivement autour de la place pour permettre un plus ample visionnage.L'âge de raison«Et puis petit a petit, environ 5 ans plus tard, on a commencé à remplir les journées, à faire des projections hors compétition pour soit passer les courts-métrages de certains réalisateurs connus, comme Polanski, soit faire des séances spéciales, soit faire venir des professionnels pour des forums sur les métiers du cinéma… Et ça s'est gonflé, depuis 91 ou 92, la grille au sens strict du terme est la même, non-stop pendant 5 jours du mardi 9h du matin au samedi 3h du matin». Les bases sont désormais posées, le public fidèle et innombrable. Un légitime motif de satisfaction : «En 30 ans, on a pu passer pas mal de films, et reçu à peu près toutes les professions : comédiens, producteurs, réalisateurs, mais aussi chefs opérateurs, mixeurs, étalonneurs…. Et c'est un festival pas cher, il faut que les Grenoblois le sachent. Sur 40 personnes, il en a 32, 33 qui ne sont pas payées. Indépendamment des films, c'est une des choses que je trouve les plus extraordinaires : sur 30 ans, ça fait près de 1200 personnes qui se sont mobilisées pour faire exister ce festival, qui a pris du poids en France d'abord, en Europe ensuite…». Bref, si l'esprit des débuts perdure, on est désormais loin du drap blanc maigrichon des débuts. Alors, à dans 30 ans ?Festival du Court Métrage en Plein Air de Grenoble jusqu'au 7 juillet


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AND THE WINNER IS