«Éviter le consensus»

entretien / À l'occasion des 30 ans du Festival, rencontre avec Michel Warren, instigateur de la manifestation. propos recueillis par Damien Grimbert


Les critères de sélection du festival ont-ils évolués en 30 ans ?Michel Warren : Alors, non, ça fait partie des choses étonnantes. Dès la 2e année, le règlement du comité de sélection a été établi et non seulement c'est le même actuellement, mais il a également fait un peu tache d'huile dans d'autres festivals qui ont trouvé notre méthode originale. Notre méthode est basée sur la remarque suivante : Si tu écris un devoir de philo et que tu le donnes à deux profs, il y a des chances que l'un mette 2 sur 20 et l'autre 18 sur 20. Alors que nous, ce qui nous intéresse c'est les films pour lesquels quelqu'un de l'équipe a mis 18. Il n'y a donc pas de réunion du comité de sélection. On visionne les films ensemble, chacun fait sa liste, je ramasse les copies et la sélection est faite. Ça évite le consensus. Alors évidemment le revers de la médaille, c'est que dans le public il y en a aussi une partie qui dit : “Qu'est-ce que c'est que cette merde, jamais vous n'auriez dû le garder”. On ne fait pas une sélection pour plaire au public, on fait une sélection parce que c'est des films qu'on aime et qu'on défend. Et il se trouve que, coup de pot pour nous, globalement ça marche.Qu'avez-vous prévu de spécifique pour les 30 ans ?Il y a 2, 3 clins d'œils, on va passer un petit film qui a été fait avec Jean-Jacques Beineix, un entretien sur son premier contact avec le cinéma. Et il se trouve que ce premier contact, c'est un court qu'il a fait, Le chien de Monsieur Michel, qu'on a passé ici il y a 30 ans et qui a été le premier prix du premier Festival. L'autre “coucou”, c'est ce que j'ai tendance à baptiser un anti-ciné concert, animé par une jeune compositrice de musique de films qui a eu justement 30 ans il y a 8 jours donc quasi en même temps que le festival.Un anti-ciné concert ?Oui, puisque l'objectif de cette jeune file, Agnès Vincent c'est d'essayer de recréer, à l'aide d‘un court-métrage de Chaplin et d'un long-métrage de Keaton, l'ambiance spontanée des séances de cinémas des années 20, en faisant à la fois la musique et le bonimenteur. Elle va parler pendant la projection de tout ce qui lui plait, de la robe de la dame qui est au 3e rang si elle en a envie, comme ça se faisait à l'époque.


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Putain, 30 ans !