Mariage libre


World / Goran Bregovic, précoce musicien traditionnel, ex-rock star sous Tito, compositeur des BO des films d'Emir Kusturica – musiques qui lui apportèrent reconnaissance en France et ailleurs -, est toujours le déjanté compositeur et fondateur du triomphal Orchestre des mariages et enterrements, qu'il crée pour renouer avec la forme “concert“. Orchestre symphonique hybride, libre et ouvert, multiculturel, il réunit au total 45 musiciens, dont des chanteurs masculins issus de la tradition orthodoxe, des voix de femmes bulgares, une fanfare tzigane venue d'Europe Centrale aux cuivres endiablés, des cordes farouches, des guitares, des percussions traditionnelles et des ordinateurs bien modernes avec lesquels Bregovic modifient les sonorités. Pour cette formation originale, le compositeur Serbe et Croate écrit des partitions un brin schizophrènes : si le résultat final est à rapprocher de la musique contemporaine par la modernité de la forme, elle est fortement influencée par la musique traditionnelle et le folklore slave, l'esprit tzigane et gitan. Un charivari musical où les arrangements orientaux se mêlent aux polyphonies bulgares, ces dernières se diluant dans les balades pop et les morceaux rock. Une fusion musicale très séduisante, jouissive à la pulsation prenante. Le corps ne résiste pas à cet ouragan de rythmes, de sonorités festives, de vocalises lascives, émouvantes, tristes ou fofolles. Dans ces voyages et rencontres humaines s'expriment la souffrance, les conflits de sa région d'origine mais aussi l'allégresse d'un banquet nuptial. «Je viens d'un pays où les histoires tournent sans cesse autour du mariage et des enterrements : ma musique est entre les deux, joyeuse et triste», résume Bregovic. SDGoran Bregovic le 4 août, Crest Jazz Vocal


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