Poétique à l'oblique

Le Festival l'Arpenteur extrait de son ancrage dans la commune des Adrets des paroles écrites, théâtrales, chantées et s'ouvre vers l'ailleurs. Échange avec Antoine Choplin, le directeur du Festival. Propos recueillis par Séverine Delrieu


Quelles sont les facettes qui ont façonné l'identité du Festival ?

Antoine Choplin : Un des axes qui a fait le Festival depuis son origine est de s'appuyer sur une terre pour proposer un regard alternatif et singulier sur le monde. Ce pari est fait avec une acception plus poétique que politique : partir à pied dans un environnement naturel pour regarder de plus haut, pour regarder artistiquement. J'aime me souvenir d'une phrase de la chorégraphe Catherine Diverrès qui dit «un artiste c'est d'abord un veilleur». Dans nos montagnes, on a ce promontoire de veille qui nous est proposé. C'est la poétique du Festival. Les artistes qui viennent se trouvent bouleversés dans leur approche de leur art et dans les rencontres avec le public. Théâtre pentu, performances théâtrales, chorégraphiques en montagne, sont autant de manière de décliner cette particularité et de bouleverser les regards.

Cette année, il y aura une innovation : les résidences d'auteurs...

C'est une évolution du Festival qui tend vers une asymptote littéraire, tout en tenant à distance ce qui est sérieux. Ce sont cinq auteurs qui viennent du monde entier. La première étape sera un temps de rencontre, innovant et singulier, dans un désir de proximité spontané entre les auteurs et les habitants. Il y a aura un atelier d'écriture dans un café de village, des rencontres au plus profond du massif. Ce qui est très important, c'est qu'ils seront là comme des écrivains publics en présence, et non comme des phares qu'on éclairerait tout d'un coup. La deuxième étape, c'est une petite commande de texte qui leur est passée à chacun avec une contrainte : que leurs copies soient rendues au plus tard le 5 juillet afin que les comédiens du Groupe Point puissent relayer leurs productions. Ils écriront sur ce qu'ils auront ressenti sur notre territoire de vie. C'est un miroir qu'ils nous tendront.

Comment procédez-vous pour élaborer la programmation ?

On s'y prend en ayant une lucidité sur cette responsabilité qui nous est conféré : on n'est pas les rois du monde, et je prends cette tâche avec une grande modestie. Il y a plusieurs facteurs, mais le carburant permanent est la curiosité. La singularité de notre approche se double d'une dimension humaine : la notion de rencontre est très importante. Il faut que le spectacle soit bon, mais que les artistes qui viennent soient disponibles à la rencontre avec les habitants du territoire. Cela engendre des fidélités. Mais nous voulons aussi surprendre. Si cette année Gianmaria Testa vient, cela a été possible grâce au Teatro delle ariette de Bologne, dont nous connaissions et appréciions le travail. On a appris qu'ils se connaissaient et nous avons pu les inviter ensemble pour une première française avec Vite, des récits de vies bouleversants. C'est un exemple qui répond à notre manière de procéder.

Festival l'Arpenteur du 29 juin au 7 juillet, Les Adrets en Belledonne


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