Bricolage


Musique / En écoutant d'une traite l'album Laughing with the moon du duo Gong Gong, on ne peut manquer de relever une somme conséquente de points communs avec certains opus passés d'Amon Tobin. Basses abrasives, entremêlements de boucles entêtantes toujours sur le point d'exploser, jeux de cordes mélancoliques (voire carrément glauques), utilisations ludiques des samples (les onomatopées pitchées de The Man Who… sonnent même comme une réinterprétation du Verbal de Tobin), flirt occasionnel avec la drum'n'bass… On a connu pire influence, et surtout pire déclinaison. Dans le domaine casse-gueule, car désormais extrêmement balisé, du bidouillage électro hypnotique (quasiment un genre musical en soi !), Thomas Baudriller et Jean-Christophe Baudouin imposent une exigence sonore synchrone avec leur propre vécu musical. Là où un Wax Taylor (au hasard) se voue à recycler, avec un certain talent mais dans une gamme très limitée, les mêmes atmosphères et procédés de composition, les nantais prennent un soin quasi maniaque à renouveler leur son en permanence, notamment par l'apport de leurs instruments de prédilection (contrebasse pour Baudriller et batterie pour Baudouin). Ce qui fait de Laughing with the Moon un album agréablement addictif pour tout aficionado de ce style d'expérimentations bien dévoyées. D'autant que le groupe a construit une partie de sa renommée grandissante sur ses lives, pour lesquels ils s'adjoignent les services de deux vidéastes. La scène est truffée de petits écrans dont les images transcendent l'implication émotionnelle du spectateur, à même de succomber à une transe quasi chamanique sur des morceaux comme Out, Radiola ou Atone, puis de s'agiter frénétiquement sur le jouissif Tzig. FCGong gongle 31 mai à 20h30, au CielAlbum : “Laughing with the moon“ (F Com / Pias)


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Ouais, OK…