«Montrer la diversité»

Le Festival les Arts du Récit a 20 ans. 20 ans de contes en lien avec le monde contemporain, portés par des artistes de toutes origines et horizons : Henri Touati, initiateur de ce projet majeur dans le milieu du conte, est attaché à cette idée de diversité. Séverine Delrieu


Que souhaitez-vous mettre en avant pour fêter les 20 ans du Festival ?
Henri Touati : L'axe premier je crois que c'est de montrer que depuis 86-87, date de création du Festival, notre activité s­'est focalisée sur la diversité. Donc la proposition de ce festival, c'est de montrer cette diversité.

Par l'éclectisme ?
Par la multiplicité des lieux, des formes d'accueil, des formes de spectacles et des contenus. Et puis les origines des artistes, leur dimension traditionnelle comme contemporaine montrent que raconter une histoire aujourd'hui est quelque chose d'assez simple. En même temps, la multiplicité des propositions nous permet d'avoir des univers, des mondes qui sont à chaque fois différents. C'est ça l'axe central de ce festival. Une journée très particulière, celle du 12 mai, sera une rencontre où plus de 100 conteurs vont être présents. 100 conteurs qui sont venus au Festival sur les 250 : c'est un événement de dimension nationale dans le milieu du conte, puisque c'est la première fois que l'on va regrouper tant de conteurs au même endroit.

Comment va se dérouler cette rencontre ?
L'idée c'est de donner les moyens à chacun de ces conteurs de conter entre 15 et 20 minutes dans l'espace du Musée Dauphinois. Les uns après les autres, dans une dizaine de lieux différents du Musée, ils prendront la parole. Le public se baladera au milieu de ces lieux de la diversité : c'est-à-dire que nous n'avons pas créé une scène africaine, ou une scène maghrébine, mais au contraire nous mélangerons pour bien voir la diversité. Cette journée, c'est le côté rétroviseur. L'autre aspect du Festival, c'est la “longue vue” si je puis dire : regarder ce qui va se passer dans les 20 ans qui viennent et de se demander quels sont les artistes qui vont continuer à montrer des choses nouvelles toujours dans cette idée de la diversité. Et c'est le projet qui s'appelle le Festival dans le Festival. Dans lequel il y a 5 créations avec 5 ou 6 artistes différents avec des propositions toutes différents les unes des autres, et qui, en tout cas portent toutes une vision contemporaine du Monde, à partir de l'Afrique, à partir d'ici, à partir de travail d'écriture, à partir de textes de tradition. Cette diversité, elle est inscrite dans la modernité du projet du Centre des Arts du Récit. Didier Kowarsky, Carole Gonsolin, Kodjo Mehoun, Myriam Pellicane, Cécile Bergame, sont des conteurs qui vont marquer obligatoirement les 20 ans qui viennent.

Pourriez-vous nous parler des soirées Récit(s) d'Arménie dans le cadre de l'année de l'Arménie?
On est attaché à prendre en compte les années telles qu'elle sont annoncées au niveau national, quand elles ont de l'intérêt autour de la question de l'oralité. Et au fur et à mesure qu'on a travaillé avec la Maison de la Culture arménienne, on s'est rendu compte que le peuple arménien, par sa diaspora - un peu comme pour le peuple juif - a un champ d'une oralité très forte. On a donc commencé à travailler avec Serge Avédikian, qui est le grand acteur de l'Arménie en France. Et Serge nous a fait cette proposition de deux soirées uniques en France (Au Grand Angle de Voiron et au Théâtre de Vienne), Récit(s) d'Arménie. C'est une création pour Les Arts du Récit : elle n'aura donc pas lieu ailleurs et en plus, c'est avec Ariane Ascaride. Ce sont deux rendez-vous dont on est assez fiers. Et puis on aura une conteuse arménienne qui va se balader dans pleins de petits lieux, Christine Kiffer Sarian.

Beaucoup de propositions. Que ne faudra-t-il pas rater ?
C'est difficile à dire. Il y a beaucoup de choses. Mais tous les ans, je fais un travail de choix qui m'emmène à proposer une programmation à laquelle je tiens dans sa globalité. Tout se tient. Oui et c'est vrai que pour moi c'est important. Mais le retour de Pépito Matéo avec un spectacle comme Parloir est vraiment passionnant. La création de Gérard Potier pour la clôture du Festival est aussi un événement qui sera important. Le travail qu'a mené Hamed Bouzzine depuis deux ans à l'issue duquel il a créé son spectacle pour le Festival l'année dernière, je l'ai repris cette année parce qu'il me semble important de parler de la question de l'immigration.

Spectacle qui est le résultat d'un travail de rencontres...
Oui. C'est quelqu'un avec qui on vit beaucoup de choses ici. Il y a aussi le spectacle de Vaber Douhouré, un jeune conteur grenoblois qui fait une création sur les enfants soldats, dont j'ai vu le premier chantier et qui est quelque chose d'étonnant. Mais si je commence à faire le tour, je ne vais plus m'arrêter !

Le 20e Festival Les Arts du Récit du 10 au 23 mai (Lieux divers, détail en pages agenda)


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