Il était une fois…

COMICS / Figure emblématique de l'univers des comics, Spider-man n'a eu de cesse d'en révolutionner les codes depuis sa création il y a maintenant 45 ans. Damien Grimbert


Né en 1962 de l'imagination fertile de Stan Lee et Steve Ditko, respectivement scénariste et dessinateur, Spider-man est sans doute le personnage qui illustre le mieux la démarche de sa maison-mère Marvel (rappelons qu'au même titre que l'industrie hollywoodienne, celle des comics est basée sur la toute-puissance des studios, possesseurs des droits des franchises au détriment de leurs créateurs). Jusqu'alors, le marché des comics était en effet dominé par la firme DC, dont les personnages phares comme Superman et Batman avaient avant tout pour vocation de servir d'exemple à leur jeune lectorat, tant par leur âge respectable que par leur position sociale haut placée. À l'opposé, Stan Lee décide de faire du personnage de Spider-man un super-héros adolescent auquel peuvent directement s'identifier les lecteurs, ce d'autant plus facilement que l'alter ego de ce dernier, Peter Parker, est en permanence confronté à des problèmes qui entrent pleinement en résonance avec les leurs : premiers amours, découverte de la maturité... Principale raison du phénoménal succès de la série (et plus largement de l'éditeur Marvel), cet ancrage “réaliste” allait quelques années plus tard aboutir à une nouvelle révolution… Spiderman Vs The CCA Né à la suite des écrits du docteur Fredric Wertham, qui condamnaient vertement l'influence néfaste des comics sur la jeunesse, le Comics Code Authority (CCA), comité de censure à peine masqué, garantissait jusqu'au début des années 70, la lisibilité des comics par l'apposition de son logo sur leurs couvertures. Logo dont Stan Lee décide de se passer pour publier l'un des épisodes les plus marquants de la série, qui voit la compagne de Spider-man Gwen Stacy mourir dans ses bras, la colonne vertébrale brisée par le fil envoyé par ce dernier pour empêcher sa chute du Brooklyn Bridge… Un traumatisme sans précédent pour Spider-man, mais également pour le CCA, contraint de rendre les armes suite au succès sans appel de l'épisode en question. Pour finir, difficile de ne pas évoquer la fabuleuse saga La dernière chasse de Kraven (initiée en 1987 par le scénariste DeMatteis), autre traumatisme phare pour l'homme-araignée qui se verra enterré vivant 15 jours durant par un ennemi lui-même au bord de la folie, dans ce qui restera sans conteste comme l'un des moments les plus noirs et les plus forts de la série.


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Une araignée au plafond