Entropie dans la danse

Danse / La 2e Biennale Internationale de Danse Universitaire, la BIDU, permet durant 5 jours la présentation foisonnante de travaux de groupes de danse universitaires internationaux croisés aux propositions de chorégraphes de renoms. Séverine Delrieu


Qu'elle est la spécificité et un des intérêts de la BIDU ? C'est sa capacité à mettre en contact artistes étudiants de diverses universités mondiales et chorégraphes d'exception à travers des ateliers féconds. Sylvie Guillermin développera trois jours d'atelier avec des étudiants autour de son travail sur perches ; Hee Jin Kim, étonnante danseuse chez Jean-Claude Gallota, abordera le deuxième volet de Trois Générations avec les étudiants artistes ; les ateliers proposés autour de Zarathoustra Variations de Carlotta Ikeda et Ko Murabushi convoqueront les mathématiciens de l'Institut Fourier à travailler sur le chaos pour en proposer des images fractales ; enfin, la très talentueuse chorégraphe et danseuse Olga Pona offrira une rencontre décalée avec l'Atelier des Musiciens du Louvre. Les fruits savoureux de ses échanges, seront visibles sur différentes lieux de l'agglo, en plus des travaux des groupes universitaires invités pour la BIDU : l'Université de Ekaterinbourg présentera Running ; l'Université de Tchelyabinsk proposera Triskele ; il y a aura une création franco-russe Metro de Maria Greif ; un groupe de Tübingen nous conduira vers Aufrbruch ; Tours présentera Fées et Cannibales, d'après les romans de Ronan Chéneau. Enfin, les Universités de Nantes viendront avec Douce Agonie et les Baltikans et les Universités de Grenoble avec Bambous. Mise à nueC'est grâce à l'initiative de l'Ecole de Danse Universitaire en collaboration avec GrenobleUniversités et le service culturel de l'Université Stendhal que la Biennale nous comble avec son concept : échanges riches entre étudiants et chorégraphes, présentation de travaux de groupes d'Universités et propositions de hautes volées de chorégraphes confirmés. Si nous n'avons pas vu l'ensemble de la pièce Audrey de la chorégraphe russe déjà citée plus haut, Olga Pona, les quelques scènes vues laissent présumer d'un solo à la fois émouvant et dense. En hommage à l'actrice américaine Audrey Hepburn et inspiré de deux films, dont Le Déjeuner chez Tiffany, la danseuse au corps fluide et longiligne à l'air mutin et sourire enjôleur, glisse sur un mur, avant d'être mise à nue, offerte et troublante au sol. La nudité est aussi belle qu'ambiguë dans Zarathoustra Variations, pièce pour six danseuses et Carlotta Ikeda en personne, cette dernière, hiératique, intense, évolue lentement. Dans cette pièce maîtresse créée en 1980, les sorcières sont aussi grotesques que sexuelles, libérées et fragiles, leurs corps jubilent. Enfin, le Bûto, forme de danse contemporaine héritée du traumatisme d'Hiroshima et Nagasaki, est ici malaxée, métamorphosée en un langage explosif, déstabilisant.BIDU du 23 au 27 avril, lieux divers (détail en pages agenda)


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