Intimacy Jesse


Musique / Il était une voix rauque (and rock), traînante, souffrante et nonchalante, la voix de Jesse Sykes, qui délivrait l'intimité comme personne. Il était aussi des rencontres déterminantes, comme celle que la chanteuse et guitariste américaine fit avec un guitariste chevronné, Phil Wandscher (ex-Whiskeytown) en 98. Un heureux coup de pouce du destin voulut qu'ils fondent The sweet Hereafter et engendrent un premier opus Reckless Burning, puis le beau Hey Girl en 2004, ce dernier rappelant à notre mémoire oublieuse les images d'une vieille Amérique des western. Les déserts de solitude, les villes suffocantes d'abandon s'impriment à notre esprit dès l'écoute des morceaux country-folk nostalgico-mélancoliques. La voix sombre de Jesse, son timbre au cachet intimiste ne font qu'enrichir ces langueurs états-uniennes. Dans le dernier opus Like Love Lust and the open halls of the soul, Jesse Sykes quitte les standards folk américains, pour des morceaux plus rock aux tons bluesy. Elle se frotte aussi à la pop, notamment dans You might walk away, même si la voix écorchée délivre toujours sa part de mystère. Hard not to believe et Aftermath s'imprègnent de tristesse et du sentiment de désillusion. Plus contrasté, Morning it comes rappelle Johnny Cash, car sa voix alterne douceur et déchirure. Un parallèle se fait avec les arrangements de tout l'album : d'un morceau à l'autre, ils sont tour à tour dépouillés, puis fouillés. Mais c'est bien la voix voilée de Jesse Sykes qui touche : dans Eisenhower Moon, premier morceau de l'opus, elle envoûte d'emblée.Jesse Sykes and the Sweet Hereafter le 17 avril à 20h30, au CielAlbum : “Like Love Lust and the open Halls of the soul“ (Fargo)


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Si loin, si proche