Qui es-tu, le ciné-club ?


Regard / On peut le dire sans vexer personne, le Centre Culturel Cinématographique est officiellement le ciné-club historique grenoblois. Ses équivalents étudiants ont lâché l'affaire en cours de route, à une glorieuse exception près : celui de l'INPG, récupéré par l'association méritante des Cinéphiles Anonymes, qui multiplie les projections thématiques risquées avec panache. Revenons un peu sur l'histoire de ce genre de structure. Les ciné-clubs tels que nous les connaissons aujourd'hui sont officiellement reconnus et encadrés par l'appareil législatif au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Leur cahier des charges est volontairement très restrictif, pour ne pas créer une concurrence “déloyale“ au cinéma commercial : le régime se doit d'être associatif, les ventes de places sont assujetties à un système drastique d'adhésion (rien de foncièrement révoltant non plus, mais tout de même), et la communication autorisée est réduite à peau de chagrin (possibilités de ne faire que des affiches format A3 en noir et blanc, interdiction d'acheter de la publicité dans des parutions…). Depuis 1946, quelques points de la loi ont été aménagés, notamment la vente de places (voir interview ci-dessous), mais la législation régissant les ciné-clubs les enferre tout de même dans un mode de fonctionnement un rien archaïque – même si leur vocation a priori non lucrative reste synchrone avec ces impératifs, on peut tout de même avancer que leur potentielle concurrence du cinéma commercial n'est plus vraiment à l'ordre du jour… Autre donnée, l'obligation pour les ciné-clubs de se rattacher à une fédération agréée par le Ministère de la Culture depuis 1953, la FLEC (Fédération Loisirs et Expression Culturelle). Avec plusieurs incidences largement positives, comme l'élaboration du catalogue de films à disposition des ciné-clubs, avec tout le travail que ça implique (contacts avec les distributeurs, négociations de tarifs privilégiés pour la location et le transport…). Ce qui contrebalance l'absence d'émulation (faute de temps et de moyens – la subvention allouée par le Ministère de la Culture est assez risible pour une fédération nationale) qu'une telle structure devrait engendrer, et ce alors que les ciné-clubs nationaux ne sont plus qu'au nombre d'une petite centaine. FC


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