Norway of life


Musique / La Scandinavie n'a pas fini de nous faire frémir. Nous assénant claque sur coup de boule émotionnels à chaque concert au Ciel, ou nous retournant le cerveau avec son cinoche admirablement hargneux (on vous recause, avec des sanglots de bonheur dans la voix, du grandiose Norway of Life de Jens Lien dès la semaine prochaine, si tant est qu'il y ait une justice et que le film sorte à Grenoble). La sélection céleste de la semaine s'appelle Jake Ziah, un quatuor norvégien au talent instantané flirtant sans vergogne du côté des puissantes atmosphères de Neil Young, Tom Waits et Leonard Cohen. Un trio de références imparables, quasiment vidées de leur sens tant le nombre de formations se réclamant de leur héritage est énorme. Mais les individualités artistiques grandement complémentaires de Jake Ziah les élèvent au-dessus de la masse. Des musiciens ramenant d'Afrique Noire, d'Amérique du Sud ou du Liban leurs esthétiques particulières pour les diriger dans une même direction. De la country-rock méchamment mélancolique, de la musique de cowboy dépressif traversée d'une beauté désabusée, trop millimétrée pour en être à son coup d'essai. Et pour cause : après un premier EP sorti en 2003, les sbires ont attendu trois années avant de revenir à leur projet commun. Grand bien leur en a pris ; leur album (sorti chez nous il y a un an tout juste) These Days do You no Justice, s'écoute d'une traite comme la Bande Originale de Dead Man, remue les tripes comme les ballades les plus amères de Tom Waits, et nous arrache des larmes magnifiques comme les chœurs de Dance me to the End of Love ou de Take this Waltz. Voilà pour l'héritage. Loin d'aligner scolairement ces influences, Jake Ziah les transcende par son talent mélodique évident, dont on attend énormément sur scène, calé dans un fauteuil rouge, les joues chauffées par le houblon. FCJake Ziah Le 28 mars à 20h30, au CielAlbum : “These days do you no justice“ (Le Maquis La Baleine)


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