La Picardie contre-attaque


Musique / Certes, Kamini a transformé la paisible bourgade de Marly-Gomont en plaque tournante non consentante du hip hop français rural en un temps record. Mais saviez-vous qu'une bande d'allumés tente d'imposer la Picardie comme nouveau berceau du rock français rigolard depuis maintenant quatre albums ? Le dernier CD des Fatals Picards, Pamplemousse Mécanique, est dans la lignée de ses prédécesseurs : du portnawak délirant, porté par une perfidie textuelle souvent jubilatoire (les morceaux Bernard Lavilliers, Moi je vis chez Amélie – irrésistible calvaire d'un type normal coincé dans un film de Jean-Pierre Jeunet - ou Et puis merde, je vote à droite ! se laissent volontiers écouter en boucle), mais qui perd de sa saveur dès qu'il essaie de se prendre au sérieux. Malheureusement, ce dernier aspect prend le dessus, dans une veine “chanson française dénonciatrice“ qui ne fait pas toujours mouche. On préférait nettement leurs délires déstructurés mais plus assumés de Picardia Independenzia, leur précédent opus dont Pamplemousse Mécanique se voudrait une version plus mature (certaines pistes cachées du 3e album se retrouvent même ici en version longue). Malgré tous ces bémols, imputables à on ne sait quel mystère (regain de conscience à l'approche des échéances électorales ? Ralliement à l'écurie Warner ? Chamanisme ?), on écoute l'album d'une traite en souriant souvent bêtement au détour d'un bon mot, d'une rime abusée, d'une formulation chatoyante. Toute occasion de se réjouir étant bonne à prendre en ces temps funestes, on poussera même le vice jusqu'à aller les voir au Prisme, histoire de vérifier que ces lascars ont les guitares aussi bien pendues que la langue. FCLes Fatals Picards + Les MultiprisesLe 22 mars à 20h, au Prisme (Seyssins)Album : “Pamplemousse Mécanique“ (Warner Music France)


<< article précédent
Norway of life