Boxe avec les rythmes

Musique / Figure française du beatboxing, Ezra sera de passage à la Chaufferie ce samedi. Propos recueillis par Damien Grimbert


En quoi consiste, et d'où vient le beatboxing ?
Ezra : Le beatboxing, c'est faire des sons, des rythmes avec la bouche. Ça existe depuis toujours, c'est sans doute la plus vieille forme de musique qui existe. C'est un truc que tu retrouves dans les musiques traditionnelles de tous les continents. Et puis au XXe siècle, il y a eu le jazz, pas mal de trucs dans la musique contemporaine dans les années 60, avec des gens qui faisaient des bruits chelous avec la bouche. Et puis après, le beatboxing urbain qui est né dans les années 80 à New York. À l'époque, il y avait par exemple les Fat Boys qui ont enregistré leur premier album en 1984, Doug. E. Fresh… C'est un peu resté dans l'ombre pendant une quinzaine d'années jusqu'à ce que Rahzel (du collectif hip-hop The Roots, ndlr) sorte un album à la diffusion internationale. En France à la même époque, le Saïan (Supa Crew - NdlR) sortait son premier album, donc ça a permis de faire un peu de buzz autour de ça. Et depuis, ça s'étend un peu partout dans le monde depuis 7, 8 ans, il y a maintenant des conventions internationales, des championnats internationaux, il y a eu le premier contest national en France à Angers en octobre dernier, pas mal de soirées qui se développent à droite à gauche…

Ton parcours ?
J'ai commencé quand j'étais au collège. Il y a 8 ans, c'était mes débuts, après, vers 2001, j'ai fait mes premières scènes dans les sound systems, depuis 2003 je tourne pas mal, et depuis l'an dernier, je ne fais plus que ça, entre la scène, les ateliers dans les MJCs, les prisons…

Tu t'investis beaucoup dans la formation ?
Je trouve ça aussi bien que la scène, c'est un pouvoir magique que tu peux transmettre, c'est super enrichissant. Ça te permet de rentrer en contact avec des gens super différents, que ce soit des adultes, des gosses… Et ça te permet d'aller dans des endroits où l'on ne va jamais en temps normal, à l'hôpital auprès des enfants, ou en prison. Ça ouvre un peu la tête de rencontrer les gens sur ce genre de terrain. Sinon, la plupart des stages ou des ateliers qu'on fait sont assez courts, entre 1 et 10 jours. J'apprends tous les sons percussifs, et quelques techniques du style comment faire deux sons en même temps, trois sons en même temps, les doubles rythmes… J'essaie de donner des outils pour que les gens puissent se débrouiller après par eux-mêmes, aller trouver les infos, les vidéos…

Et la scène ?
J'ai un spectacle solo de 3/4 d'heure, j'ai été aidé par un metteur en scène de Limoges, qui m'a appris à prendre un peu de place sur le plateau. Il y a un peu de démonstration, mais j'essaie aussi de dépasser ça, et de faire des morceaux qui soient plus musicaux, histoire de faire bouger la tête des gens. Et puis quelques mises en scène sympas, des trucs plus rigolos, un peu théâtre... Et à côte de ça, j'ai plusieurs projets en parallèle, soit ponctuels, soit plus réguliers, comme ce spectacle sur l'esclavage qui s'appelle Écorce de Peine, et qui se joue dans les théâtres, avec un slammeur comédien, D' de Kabal, et puis un danseur, Didier Firmin.

Ezra le 3 mars à 20h, à la Chaufferie www.ezra.fr / www.myspace.com/ezrabox


<< article précédent
La mère loup