Identités non contrôlées


Danse / Dernière pièce chorégraphique en date de la compagnie du surdoué Kader Attou, Accrorap, Les Corps Étrangers allie à une forme stupéfiante de beauté un propos au final bien plus subtil qu'il n'y paraît. Le dialogue entre les cultures dans un monde globalisé, la rencontre des danses traditionnelles, hip-hop, et contemporaines, le chassé-croisé d'influences entre Orient et Occident… Autant de thématiques, qui entre les mains d'un chorégraphe peu inspiré, auraient pu aboutir à une pataude accumulation de lieux communs bien-pensants. C'est pourtant tout l'inverse qui se produit ici, Kader Attou tissant avec une grâce infinie entre ces différentes approches une toile de fond lui permettant d'aborder le seul sujet qui l'intéresse vraiment : la condition humaine. Réunissant une dizaine de danseurs venus d'horizons (Inde, Brésil, Algérie, France, Laos) et de disciplines diverses, Corps étrangers alterne ainsi, duos, trios, et mouvements d'ensemble, à mi-chemin entre altérité (les styles les plus hétéroclites se côtoient sans jamais fusionner) et impressionnante cohésion d'ensemble (voir l'énergie collective formidable qui se dégage lorsque tous les danseurs sont réunis sur scène). En s'appuyant sur les acquis qui ont fait sa notoriété, notamment cette fabuleuse synergie qu'il réussit à créer entre musique, décor, lumières et mouvements, Kader Attou confronte ses précédentes expériences chorégraphiques pour mieux en retirer le liant commun, cette vitalité magnifique qui se dégage par instants fugaces de ces rencontres entre “corps étrangers”. Mais également les combats incessants que cette dernière nécessite pour perdurer, auxquels font échos les brusques changements de tons chorégraphiques et musicaux qui font tout le sel de la pièce. DG

Les Corps étrangers le 1er mars à la Rampe (COMPLET)


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Bons baisers de Berlin