En quête d'alternatives

ÉVÉNEMENT / Pour sa deuxième édition, la Quinzaine des Résistances Africaines, initiée par Survie Isère aux côtés d'une flopée d'autres associations, s'axe autour des différentes poches de résistance aux malversations de la Françafrique. Damien Grimbert


Vaste et opaque réseau d'influences économiques, politiques et militaires agissant dans l'ombre de la République pour garder une mainmise sur les anciennes colonies françaises d'Afrique, la Françafrique présente un bilan accablant dont l'association Survie a fait de la dénonciation son cheval de bataille. Mis en place depuis la fin des années 50 autour de personnalités influentes comme Jacques Foccart, ce système s'est progressivement “décentralisé” depuis 30 ans, la “Raison d'État” invoquée en premier lieu cédant la place aux intérêts personnels de divers lobbies de plus en plus difficilement identifiables. Et la mondialisation de parachever le travail, complexifiant encore les ramifications d'un système de plus en plus impalpable. La mise à plat de ces obscurs réseaux d'influences, c'est pourtant la tâche ingrate mais nécessaire à laquelle s'est attelée l'association Survie, avec comme pierre angulaire la publication en 1998 de l'ouvrage de référence de François-Xavier Verschave, La Françafrique.Les résistances aujourd'huiUn travail de fourmi qui force avant tout l'admiration par son abondante documentation. Certes, l'association défend un propos, mais elle le fait de façon irréprochable, accumulant systématiquement dates, noms, et références, loin, très loin de la simple rhétorique. Et le bilan qu'elle tire prend la forme d'un réquisitoire implacable : Soutien voire mise en place de dictatures, pillage des matières premières, corruption, détournement d'aides publiques, complicité dans différents assassinats politiques, jusqu'à la complicité de génocide… Pour couper court aux clichés folkloriques (savane / famines / tam-tams…), au fatalisme des uns (“l'Afrique, de toute façon, c'est foutu…“) et aux doutes des autres (“et vous, vous feriez mieux, peut être ?”), la Quinzaine s'oriente cette année autour des différentes formes de résistances, historiques comme actuelles, africaines comme françaises. Au programme, une large gamme de conférences en présence de ressortissants africains, de débats atypiques, de lectures de textes, et de projections diverses (après Lumumba et Sisters in law, découvrez jeudi 8 février Life and debt, documentaire autour de l'endettement de la Jamaïque), sans compter les traditionnels concerts de soutien, l'événement n'étant volontairement pas subventionné. On vous conseillera enfin de piocher abondamment dans les différentes brochures mises à disposition par Survie (Que fait la France en Afrique ?, ou les fiches-portraits de figures historiques de la résistance africaine comme Patrice Lumumba ou Thomas Sankara), très bien conçues.Quinzaine des Résistances Africainesjusqu'au 9 février (lieux divers)


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