Dévotions pudiques


Musique / Les trois ragas découverts sur le disque du chanteur classique d'Inde du Nord, Devashish Dey, promettent des concerts captivants à Grenoble et Annecy. Techniquement irréprochable (il a suivi l'enseignement du chant hindustani auprès de grands maîtres de l'Inde), cet interprète de 43 ans se distingue par un chant subtil et original, dépassant l'héritage traditionnel. Dans un premier raga de 44 minutes (une longueur normale pour un raga), intitulé Rag Yeman, les notes, particulièrement élaborées, se développent autour d'une voix élégante aux couleurs sombres. La mélodie de base réapparaît régulièrement, la tampura fournit imperturbablement la tonique et la dominante, et Devashish Dey exprime, avec une virtuosité contenue sans effets inutiles, toutes les beautés d'un raga tout simplement puissant. Sa voix se découvre dans un premier temps délicate et magnifiquement flexible - il n'en perd jamais la maîtrise -, pour offrir des aigus purs, jamais forcés. Les facilités vocales déconcertantes du chanteur de Varanasi (Bénarès), se voient originalement exploitées par son sens esthétique exigeant, très sensible. Dans Rag Chandrakaush (17 minutes), le timbre rond de sa voix délicatement ouverte, permet d'offrir, au mieux, les couleurs de dévotion et de paix qu'inspire ce raga. Grâce à des gamaka fins (les gamaka sont les intervalles entre les notes, légèrement modifiés lors de l'interprétation), les éléments romantiques varient selon son inspiration. Avec Bhajan Tulsidas, ultime raga plus court, Devashish accentue sa prise de risque : les libertés mélodiques d'avant deviennent inventives. Les joueurs de tabla et de sarangi, loin d'être déroutés, le suivent dans une entente parfaite. SDDevashish Dey le 26 janvier à 20h30 au Musée Dauphinois, le 27 janvier à Annecy à 20h30 à Bonlieu, dans le cadre Des Musiques Nomades (initiative des 38e Rugissants)


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