Le feu aux cordes


Question : le mois de mars célèbrera l'arrivée dans notre glorieuse cité d'un groupe incluant ce qu'il est convenu d'appeler un monstre sacré. De qui s'agit-il ? Non, ce n'est pas Deep Purple, perdu, mais le Septet de Paco de Lucia. L'hallucinant guitariste virtuose et ses musiciens viendront revisiter leur répertoire fécond, et hypnotiser les aspirants gratteux, soutirer leur dernière lueur de jalousie. Car Paco de Lucia, objectivement, est une sorte de mutant, un artiste ayant surclassé ses contemporains de sa maîtrise prodigieuse. Qu'on soit féru de flamenco ou pas, ses interprétations vous clouent sur place. Le musicien ne fait pas la simple démonstration infatuée de sa rapidité d'exécution, de sa dextérité extraterrestre – il ne s'agit que du prélude au torrent d'émotion sonore sur le point de vous submerger. La seule écoute sur CD suffit à convaincre de son talent inouï. Mais voir les doigts du maestro en action décuple le plaisir (n'y voyez rien de sexuel) dans des proportions inespérées. Autodidacte surdoué, Paco de Lucia remporte ses premiers prix à l'âge de douze ans. Il se fait fort d'explorer tous les versants du flamenco, respectueux des traditions et à l'affût de toutes les modernités. Il s'adonne occasionnellement aux registres classiques, jazz et world (à la frontière de ces trois univers, écouter l'album Zyryab – sorti en 1990 -, et défaillir pendant son vertigineux solo final), un éclectisme qui l'a amené tout naturellement à entamer une collaboration assidue avec le jazzman en fusion John McLaughlin (sur trois excellents albums). Son dernier opus, Cositas Buenas (sorti en 2004), confirme l'évidence : la renommée de Paco de Lucia ne repose pas sur ses seules prouesses techniques, mais bien sur l'art mélodique que sa stupéfiante perfection distille.FCPaco de Lucia & SeptetLe 11 mars à 18h, au Summum


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Les montreurs d’ours