So long, mister P

Si l'année 2007 est a priori sa dernière année comme Directeur du Centre Dramatique National des Alpes (son mandat arrive bientôt à terme), Laurent Pelly n'entend pas se laisser aller à un quelconque vague à l'âme, et nous réserve encore des surprises dont il a le secret pour cette fin de saison. FC


La sphère théâtrale française est en ébullition. Hasard des calendriers, un nombre conséquent de structures (théâtres nationaux et centres dramatiques) voient les mandats de leur directeur arriver à terme durant l'année civile 2007. Le hic, c'est que le sort des postes en question est dans les mains de notre Ministre de la Culture, Renaud Donnedieu De Vabres, dont l'activité (pas catastrophique mais presque) s'est caractérisée par une propension notable à la commisération occasionnelle, et au pourrissement quasi systématique des dossiers urgents. Il y a un mois, on pensait encore, avec cette candeur juvénile qui fait une partie de notre charme, que cet état de fait allait s'appliquer à ce point précis. En d'autres termes, que les mandats allaient être prolongés sans grandes surprises jusqu'aux prochaines élections présidentielles, voire jusqu'aux municipales. Jusqu'à ce que RDDV surprenne son monde en nommant Olivier Py (jusqu'ici en charge du Centre Dramatique d'Orléans) à la succession de Georges Lavaudant au Théâtre de L'Europe – Odéon à Paris. Un choix loin d'être illégitime mais étonnant pour tout le monde (y compris Lavaudant, qui se voyait bien reconduit), qui laisse augurer d'autres “surprises“ de la même teneur. Espérons que ce désir de marquer son mandat d'ultimes sautes d'humeur orientera le regard de RDDV dans une autre direction que celle de notre Centre Dramatique National des Alpes. Pour notre part, on verrait bien une reconduction de notre tumultueux Laurent Pelly. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas de l'incursion dans un débat politicien, mais un compliment chaleureux envers le metteur en scène. Et pour RDDV, c'est juste l'évidence…

Au programme

Dans le cadre de la prolongation de son mandat à la tête du CDNA jusqu'en décembre 2007, Laurent Pelly nous concocte donc de nouvelles créations pour le moins attrayantes. Outre la reprise de ses jubilatoires Aventures d'Alice au Pays des Merveilles avec la géniale Christiane Millet (du 17 au 21 avril), il s'attaquera dès fin janvier à l'univers de Copi avec l'adaptation de Une Visite Inopportune. On compte sur lui pour faire jaillir la noirceur lumineuse de cette (fausse) tragédie, et de faire claquer les mots de l'auteur sur la scène du Grand Théâtre. Les amateurs fiévreux d'opéra seront quant à eux comblés par le diptyque attendu, au Grand Théâtre toujours, les 27 et 28 février. Mon premier est La Voix Humaine d'après Jean Cocteau, sur une musique de Francis Poulenc, marquant le retour de la grande Felicity Lott dans les murs de la Maison de la Culture (souvenez-vous, la Grande Duchesse de Gerolstein), mon second est Le Château de Barbe-Bleue, sur une musique de Béla Bartòk. Autant de cadres idéaux pour la belle folie du sieur Pelly, qu'une poussée de chauvinisme alpin nous donne envie de garder pour nous, et rien que pour nous.


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