Nik Cohn chez les rappeurs


Estampillé inventeur de la rock-critic à la sortie de son ouvrage de référence sur les premières années du genre (A wop bop a loo bop a lop bam boom) en 1969, Nik Cohn ne s'est jamais rangé par la suite, bien au contraire. Après une enquête en profondeur au sein des différentes tribus de l'Angleterre marginale des années 90 (relatée dans son excellent Anarchie au Royaume-Uni), il revient dans Triksta sur son expérience en tant que producteur au sein de la scène bounce de la Nouvelle-Orléans. Né dans les quartiers les plus sinistrés de la ville, ce style musical qui emprunte à la fois au gangsta-rap et aux rythmes cuivrés des fanfares est à l'image de la ville qui l'a vue naître : violent et sexuel, splendide et sordide. Tour à tour récit de ces quelques années d'immersion «d'écrivain blanc chez les rappeurs», introduction à la scène rap du Sud et à l'énergie primale qui l'anime, et portrait passionné d'une ville et d'une communauté à nuls autres pareils, Triksta se conclue sur la situation apocalyptique dans laquelle l'ouragan Katrina a laissé ses habitants. Comme le résume lapidairement Shorty Brown Hustle, figure populaire du quartier : «dans cette ville, tout ce qu'on a, c'est notre peau, et notre âme». Ni plus, ni moins.“Triksta” de Nick Cohn, Édition de L'Olivier


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Une année de cinéma