Le retour de la revanche du tango


Lunatico / Le super-carton international du premier album de Gotan Project, La Revancha Del Tango, qui réussissait l'hybridation entre l'éternelle “djeunesse“ de l'électro et la tradition latino du tango, aurait pu être pour le groupe l'occasion de capitaliser vite fait bien fait en enregistrant dans la foulée une sorte de copier/coller (on en connaît qui ne se privent pas de le faire !). Mais faut croire que certains artistes ont plus de scrupules et d'éthique que d'autres : pendant ces cinq années de silence discographique – et à peu près autant à écumer les scènes du monde entier – les trois musiciens de Gotan Project ont affiné leur approche musicale. Finis les remixes des classiques du tango ; avec Lunatico, le groupe offre des compositions maisons et ne pioche dans l'histoire du genre que de larges et louables inspirations. Qui plus est, le travail synthétique laisse place à d'authentiques instruments et, bien sûr, à ceux qui les interprètent, recrutés comme il se doit sur la terre native de la Milonga : l'Argentine. Aujourd'hui, Gotan Project ne cherche plus seulement à placer ses tubes sur les playlists des meilleurs DJs latinos et à mettre en scène des spectacles visuellement novateurs où le public est littéralement aspiré par un jeu de projections vidéo évoquant les lieux mythiques du tango… Les voix sont plus pures, la mélancolie réelle, les hybridations audacieuses (des rappeurs argentins de Koxmoz aux guitares texanes de Calexico), les citations plus directes (ils font revenir le fantôme de Carlos Gardel en samplant sa voix dans un morceau qui évoque sa passion pour un cheval nommé… Lunatico), le groove mieux assuré. Leur concert au Summum devrait donc lever les dernières réticences : si le tango est à la mode, Gotan Project, à l'inverse, semble dorénavant décidé à la fuir…Christophe Chabert


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Una Musica Brutal