De toutes les couleurs

Soirées / Deux soirées à ne pas manquer cette semaine, avec la venue respective de Fred Spider ce vendredi à l'As de Pique, et d'Alexkid ce samedi au Bar MC2. Deux DJ-sets aux antipodes, que seul réunit un amour commun pour la musique non formatée. Damien Grimbert


Scène 1. Ambiance feutrée et chaleureuse où seules résonnent quelques notes de piano jazzy, bientôt rejointes par un saxophone, et une contrebasse. Quelques minutes plus tard, changement d'ambiance, une diva soul oubliée à la voix granuleuse a pris possession des lieux, ensorcelant le public par son seul charisme. Une autre absence et c'est désormais une samba ravageuse qui prend le contrôle, toutes percussions dehors, avant qu'un bon vieux beat disco ne vienne à son tour la remplacer. Épuisé, on s'approche du bar en quête d'un remontant, tandis qu'une rythmique hip-hop bien old-school vient de nouveau titiller nos inclinations dancefloor… Bienvenue dans l'univers musical de DJ Spider, pour lequel toutes les sonorités sont bonnes à prendre tant qu'elles transpirent le groove. Passionné de crate-digging (activité qui consiste, dans les grandes lignes, à chercher la perle rare parmi plusieurs milliers de vieux vinyls poussiéreux) depuis ses débuts dans le DJaying en 1984, ce lyonnais exilé depuis quelque temps à Barcelone s'est rapidement imposé comme l'une des références françaises dans le domaine avec son label Plein Gaz Productions. On vous passe les détails d'une carrière foisonnante (DJs sets aux quatre coins du monde entouré de pairs émérites, productions diverses, projet live avec son groupe Colorblind…) pour mieux vous recommander son passage ce week-end. Alors tous en cravate, SVP!

Le château enchanté

Scène 2 : Des sonorités minimalistes ouvertement électroniques envahissent progressivement l'espace sonore, tout en douceur. Rythmiques discrètes mais accrocheuses, production d'une grande finesse, groove épuré, mais entraînant, tout concorde pour mener le clubber vers une douce euphorie. Après deux albums élégants oscillant entre house et downtempo signés sur l'exigeant label F Com (Bienvenida et Mint), le français Alexkid revient avec un troisième opus, Caracol, toujours sur le même label. Clairement influencé par la scène minimale allemande, mais également par les pionniers de Detroit et Chicago auxquels il rend hommage, le DJ/producteur ne s'en laisse pas pour autant compter. S'affirmant par son remarquable travail de production, mais également un penchant certain pour l'électro-pop, affirmé au travers des quelques titres vocaux de l'album. Le résultat final, s'il tranche clairement avec ses précédents travaux, et impressionne par son érudition et la finesse des ambiances créées, manque cependant toujours un peu de tripes pour pleinement nous séduire, comme si Alexkid avait peur de salir sa réputation d'esthète au contact de la sueur du dancefloor. Une interprétation certes un peu hâtive, on vous l'accorde, mais qu'on espère cependant bien voir démentie par sa prestation de samedi soir.


<< article précédent
Apparences lumineuses