Born to be wild

Panorama / Après avoir traîné ses rangers aux frontières du degré zéro puis du côté de l'Arizona, cette troisième édition du mois américain ausculte plusieurs formes artistiques témoignant d'un regard en perpétuel mouvement, sur une société aux aspirations galopantes. François Cau


Un brin d'historique ne fait jamais de mal. Sous la prestigieuse tutelle de l'artiste contemporain Olivier Mosset, la première édition du Mois Américain voit le jour à Grenoble en 2004, avec pour noble credo de participer à la (re)connaissance d'œuvres et d'artistes américains peu connus du grand public. Des rencontres misant sur la pérennité de l'événement sur le long terme, sur les échanges se développant au fil des manifestations des deux côtés de l'Atlantique. La prime mouture incluait déjà dans son déroulé la notion de road-movie, de déplacement et d'appréhension des esthétiques sur un vaste territoire ; la seconde se focalisait sur le microcosme (musical en particulier) bien à part gravitant autour de Tucson, Arizona. Pour l'année 2006, la tendance est une nouvelle fois à un sujet fécond (le mouvement), autorisant dans sa large acception de multiples champs d'exploration. À ce titre, on ne peut manquer de remarquer cette année le focus conséquent sur la beat generation, sous ses versants littéraires (glop) et cinématographiques (moyen glop).BadlandsMais les points de vue sur l'Amérique ne s'arrêtent pas à cette seule période artistiquement un rien désuète (voir les violents coups de vieux dont souffrent les films Point Limite Zéro et Easy Rider pour s'en convaincre). L'interrogation de l'histoire des USA sous plusieurs angles circonstanciés est à l'ordre du jour, notamment par le prisme de l'art contemporain. Outre les troublants Cremaster et The Passing (voir encadrés correspondants), rappelons toute la force d'évocation de l'approche plastique et mystique de Joel-Peter Witkin (en exposition à l'Espace Vallès jusqu'au 16 décembre), et incitons vigoureusement à la déambulation active au Musée de Grenoble, au sein des œuvres choisies pour leur rapport avec le sujet (dont le dantesque projet Running Fence de Christo). Petit bémol (mais vraiment parce qu'on est des chieurs dans l'âme), un resserrement assez drastique de la partie musicale. Le concert du 26 novembre à EVE accueillera Neptune et Animal Hospital, deux formations adeptes d'un rock expérimental explorant des bas-fonds sonores, dont l'inspiration industrielle hume bon le mal-être (on aurait aimé vous entretenir une nouvelle fois du truculent Al Foul, flamboyant apôtre d'un rockabilly éthylique dont il a le secret, mais le musicien aura déjà quitté notre belle ville lorsque vous lirez ces lignes). À cette faible nuance près, le Mois Américain se penche une nouvelle fois sur des territoires artistiques dont l'apparent hermétisme conceptuel ne doit pas rebuter le spectateur.Drive in – à travers le mouvement3e Mois Américainjusqu'au 17 décembre, lieux diversdétail de la programmation en pages agenda


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