Sur la route


Cinéma / Portion congrue d'une programmation de plus en plus riche, la sélection de films américains projetés au Cinéma Le Club mérite cette année le détour. Passons rapidement sur le plus plébiscité des quatre longs métrages : Easy Rider de Dennis Hopper, en dépit de son statut indéboulonnable de film libertaire, a tout de même subi les outrages du temps. Difficile de rester stoïque devant les interminables séquences de “trip“ où les jeux des trois acteurs principaux (Hopper, mais aussi Peter Fonda et Jack Nicholson) rivalisent “d'implications trop poussées“. Il en va malheureusement de même pour LA rareté dépoussiérée par l'équipe du Mois Américain. Point Limite Zéro (Vanishing Point en VO) de Richard C. Sarafian, s'il démontre une mise en scène un rien plus maîtrisée dans ses délires “sous influence“, survit mal au passage des années. À réserver aux nostalgiques ou aux amateurs forcenés de pelloche psychotrope sortant des sentiers battus (pour ceux-là, on recommandera plutôt l'incroyable Awakening of the Beast de José Mojica Marins, tourné au Brésil un an après Easy Rider). Pour Une Histoire Vraie de David Lynch, nul besoin de béquille chimique pour apprécier la plénitude contemplative d'un cinéaste qui n'aura jamais été aussi luminescent, tout en conservant la pleine maîtrise de son art. Un “route-film“ s'accordant sur le rythme tranquille de son héros, offrant à l'œil l'occasion de frétiller d'enthousiasme devant des plans magnifiques, puis de s'humidifier en fin de parcours. On a volontairement gardé le plat de résistance pour la fin : chef-d'œuvre profondément ancré dans son époque mais néanmoins indémodable (le thème musical sera utilisé par Tony Scott dans son True Romance), Badlands de Terrence Malick demeure l'un des meilleurs road-movie tourné aux Etats-Unis. Malick magnifie ses amants perdus (superbes Martin Sheen et Sissy Spacek), et signe une ode fiévreuse au romantisme. FCFilms projetés au Cinéma Le Club


<< article précédent
La vie aquatique