Qui es-tu, la musique minimaliste ?


Zoom / Comme le rappelle fréquemment Steve Reich en interview, le minimalisme est avant tout un concept définissant un courant des arts plastiques. Soit une économie de moyens exacerbée (formes géométriques et couleurs basiques), excluant volontairement la subjectivité et l'objectivité, en réaction hétéroclite à l'expressionnisme frappant de nombreuses œuvres jusqu'au début des années 60. Sitôt le terme “minimalisme“ généralisé, les critiques s'empressent d'en affubler une poignée de musiciens américains, disséminés entre New York et la Côte Ouest (pour ne citer que les plus célébrés, évoquons La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, et John Adams). Le parallèle avec les arts plastiques s'est opéré par un raccourci tentant : le souhait de rupture avec une donne pré-établie. En l'occurrence, pour son pendant musical, la rigidité radicale dans laquelle s'enferrait alors la musique sérielle – très schématiquement, la succession invariable des mêmes sons. Tout en conservant les systèmes de répétition, les musiciens étiquetés minimalistes y ont réintégré nombre variations mélodiques et harmoniques, assimilant les cultures et influences du 20e siècle (avec les apports incontestables du jazz et du rock) comme certaines sonorités traditionnelles (majoritairement indiennes et africaines). Ces dernières composantes ont targué ce courant de sa pleine puissance émotionnelle : en donnant à leurs compositions les atours d'antiques mantras, les “minimalistes“ se sont flanqués d'un pouvoir d'envoûtement de l'auditeur dépassant toute rationalisation intellectuelle. Quiconque ose s'aventurer sur ces sentiers musicaux plus féconds que leur image d'Épinal d'épure pour l'épure ne le laisse supposer, s'expose à un vertige esthétique rare. FC


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The Magnificent 18